Jean-Baptiste Alphonse Chevallier
(19 juillet 1793- 29 novembre 1879)
D’une famille d’artisans honorables mais sans fortune, Alphonse Chevallier ne reçut qu’une instruction fort élémentaire dans sa ville natale. Poussé par un vif désir d’acquérir une formation scientifique, il quitte ses parents dès l’âge de quatorze ans pour se rendre à Paris où il parvint à se placer comme garçon de laboratoire et « pour faire des courses » chez M. Jean-Louis Lescot, membre du Collège de pharmacie. Deux ans plus tard, il entra comme troisième élève chez M. Boullay, rue des Fossés-Montmartre. Chez l’un et l’autre de ses maîtres, il consacra tous ces loisirs à l’étude. Vauquelin, dont il avait fait la connaissance chez M. Lescot, le fit admettre en 1810 comme aide de chimie au Muséum d’histoire naturelle. Il s’y perfectionna et gagna l’amitié de Payen, de Laugier et de Vauquelin.
En 1812, appelé à accomplir ses obligations militaires, il dût quitter son laboratoire et ses études. Affecté comme simple soldat au 122e régiment de ligne, il fit les dernières campagnes d’Allemagne avec cette unité. Le 18 octobre 1813, au cours de la bataille de Leipzig, il était sérieusement blessé dans le village de Schoenfeld, ce qui le rendait désormais impropre au service militaire. A peine remis de sa blessure, il entreprit à pied un long et pénible voyage jusqu’à Paris.
Admis, après son rétablissement, comme pharmacien temporaire dans les hôpitaux de Paris, il est affecté à l’hôpital de la Pitié. Reçu premier au premier concours d’internat organisé en 1815, il fait son service successivement aux hôpitaux de Saint-Louis, la Pitié, et du Midi, attaché aux Russes et Anglais atteints de typhus du 21 juin 1815 au 21 juin 1819. Il poursuit alors ses études à l’École de Pharmacie, obtenant en 1818 le premier prix de chimie, en 1820 le 2e prix d’histoire naturelle. Il complète sa formation pharmaceutique comme premier élève chez Boullay. En novembre 1822, il est reçu pharmacien avec une thèse sur le Houblon et il s’installe alors 43, place du Pont Saint-Michel où il conservera son officine jusqu’en mars 1835. Il organise alors un laboratoire de recherches et d’analyses où il accueille de nombreux élèves de l’École de pharmacie sans leur demander aucune rétribution.
Nommé professeur adjoint de pharmacie à l’Ecole de pharmacie le 4 mars 1835 en remplacement de Soubeiran nommé à la chaire de physique, il fut nommé professeur titulaire de pharmacie galénique le 31 mars 1868. A partir du 21 décembre 1871, il fut suppléé par Bourgoin qui lui succéda le 3 novembre 1877. Deux ans après, il décédait à l’âge de 86 ans.
Recherches
L’activité scientifique de Chevallier fut grande, puisqu’on a pu dénombrer de lui jusqu’à 800 notes ou mémoires et 2662 rapports du Conseil d’Hygiène, mais elle a été très dispersée. Il s’est d’abord occupé de la composition chimique de certains végétaux: racines de Convolvulus, baies d’If, fleurs d’Arnica montana, inflorescences du Houblon, graines de faux Ebénier, sans d’ailleurs obtenir dans ce domaine des résultats bien remarquables. Il s’est ensuite principalement intéressé à des questions d’hygiène et aux falsifications des substances alimentaires (café, lait, pain, miel, chocolat, vin, farines…) ou médicamenteuses (chicorée, sirops, opium, eau de fleurs d’oranger…). Il a également étudié l’appareil de Marsch et la recherche toxicologique de l’arsenic, la préparation des chlorures et des hypochlorites et leur utilisation pour la désinfection, les eaux minérales de Chaudes-Aigues, la fabrication des allumettes chimiques, consignant ses résultats dans des mémoires atteignant l’importance d’opuscule ou d’ouvrages.
Chevallier a , en outre, publié seul ou avec divers collaborateurs, certains ouvrages plus considérables :
- en 1825, un Manuel du pharmacien ou précis élémentaire de pharmacie (2 volumes).
- de 1825 à 1829, avec Payen, les trois éditions d’un Traité des réactifs en 2 volumes.
- en 1827, avec Guilleminet Richard, les 5 volumes du Dictionnaire des Drogues.
- en 1830, avec Langlumé, un Manuel du lithographe, puis un traité complet de lithographie.
- de 1848 à 1858, les trois éditions du Dictionnaire des falsifications.
- en 1853, avec Lamy et Robiquet, un dictionnaire des dénominations chimiques.
Distinctions honorifiques
Élu membre résident de la Société de Pharmacie de Paris en 1821, dont il fut le secrétaire annuel en 1833.
Élu membre de l’Académie royale de médecine le 5 octobre 1824.
Nommé membre du Conseil d’Hygiène et de salubrité du département de la Seine en 1831.
Nommé chevalier de la Légion d’honneur le 29 mars 1833, il fut promu officier le 31 juillet 1856. Il faut aussi officier de l’Instruction publique et reçut, en 1858, la médaille de la Sainte-Hélène, commémorative des campagnes de la Révolution et du Premier Empire.
Biographie
G. Sicard. Notice sur la vie et les travaux de M. Jean-Baptiste Alphonse Chevallier, Paris, 1880, 94 p. avec énumération de ses travaux, des ses rapports et de ses ouvrages. Son portrait se trouve dans la Salle des Actes de la Faculté de Pharmacie de Paris.
Source : G. Dillemann, historique des Facultés de Pharmacie. Produits et problèmes pharmaceutiques (1978 ?)