illus014

Adolphe CHATIN

Adolphe CHATIN (1813-1901)

 

Voir aussi La mycologie et les pharmaciens (Georges Dillemann, 1984)

Adolphe Chatin est né le 30 novembre 1813 à l’Isle-Marianne-de-Saint-Quentin, près de Tullins (Isère). Après des études limitées, il entra chez le pharmacien Lombard qui remarqua ses aptitudes et lui trouva une place à Paris, chez le pharmacien M. Briant en 1833. Ce dernier l’encouragea à achever ses études scientifiques et littéraires.

Après avoir passé avec succès ses baccalauréats ès-sciences, Chatin fut nommé interne des hôpitaux en 1835. Au concours entre interne, il remportait le premier prix en 1838, et, à l’Ecole de Pharmacie, les six médailles d’or décernées à l’époque. Docteur ès-sciences en 1839, il obtenait, en 1840, le grade de pharmacien, et, en 1844, celui de docteur en médecine. Il était nommé pharmacien chef de l’hôpital Beaujon en 1841 et presque en même temps agrégé à l’Ecole de Pharmacie, sans avoir passé le concours, jugé superflu. Il pris en charge les deux chaires de botanique de l’Ecole de pharmacie durant 7 ans et assura aussi les cours de zoologie. En 1848, il prit en charge également des cours populaires qu’il avait organisé pour les ouvriers sur la cosmographie, la géologie et la métallurgie.

En plus de son rôle de professeur, Chatin prit en charge la direction de l’Ecole de Pharmacie en 1873. Elu à l’Académie de médecine (1853), d’Agriculture (1873), il rentra à l’Institut en 1874.

 Ses travaux les plus importants ont portés sur l’anatomie comparée des végétaux. Pour Chatin, les caractéristiques anatomiques devaient intervenir parallèlement aux caractères morphologiques pour la classification des végétaux. Il travailla en particulier sur les plantes parasites et leurs organes de connections avec leurs plantes nourricières. Il s’attacha plus spécifique à étudier la Vallisnérie. Il réalisa également des travaux sur la truffe et les champignons analogues, et sur la constitution de l’étamine. Il consacra aussi ses études à la composition de le sève, la proportion de sucre contenue dans les végétaux les plus divers, la respiration des fruits, et passa plusieurs années à l’étude de l’iode dont il constata la présence non seulement dans les plantes aquatiques mais aussi dans l’eau des sources et rivières, les plantes d’eau douce, les animaux, le sol et dans diverses formations géologiques.  

Pour ce qui concerne l’Ecole de Pharmacie, Chatin s’attacha d’abord à la reconstruction des bâtiments, et à rendre uniforme la durée des études pour les deux classes de pharmacien de l’époque. Il mit également en place des travaux pratiques de micrographie.

 Adolphe Chatin est mort le 13 janvier 1901, dans sa propriété des Essarts-le-Roi.

Complément sur Gaspard Adolphe Chatin (1813-1901)

Né dans une famille de modeste cultivateurs, Adolphe Chatin fit ses études primaires à l’école de Tullins, et apprit le latin avec le curé de ce village. En 1830, il entre chez M. Lombard, pharmacien à Saint-Marcellin, qui, bientôt, l’envoie chez son confrère M. Briand, à Paris. Ce dernier, frappé à son tour de la vive intelligence de son élève, allait l’aider par ses conseils et surtout du point de vue matériel, à poursuivre ses études secondaires puis supérieures. la réussite de Chatin y fut exceptionnellement brillante : en 1832, baccalauréat ès lettres et ès sciences, en 1835, licence ès-sciences et internat des hôpitaux de Paris, en 1838 premier prix du concours de l’Internat, en 1839 doctorat ès sciences. En même temps, il accomplit ses études de pharmacie, d’une manière aussi remarquable, enlevant les six médailles d’or et obtenant en 1840 son diplôme de pharmacien. En 1841, il est nommé pharmacien-chef de l’hôpital Beaujon et institué agrégé à l’Ecole de pharmacie de Paris ; en 1844, il termine ses études en soutenant sa thèse de doctorat en médecine.

Dès 1842, suppléant Guiart, titulaire de la Chaire de botanique, il partagea d’abord l’enseignement avec Clarion, professeur adjoint. mais l’état de santé de ce dernier l’obligea bientôt à renoncer à son enseignement et Chatin dut assurer seul l’enseignement. Cependant, Clarion était mort en 1844 et n’avait pas été remplacé comme professeur adjoint et Guart mourait à son tour en janvier 1848. Après avoir été prorogé comme agrégé par décision du 31 août 1847, Chatin était nommé professeur de botanique le 13 juin 1848. Cette même anné, sous-lieutenant à la 1ère légion de la Garde nationale, il prend part avec une certaine bravoure à l’attaque du Clos Saint-Lazare.

Le 12 novembre 1873, il est nommé directeur de l’Ecole supérieure de pharmacie de Paris, en remplacement de Bussy, qui a pris sa retraite.

Le 1er novembre 1886, il abandonne volontairement ses fonctions de directeur et de professeur et il meurt, quinze ans plus tard, à 87 ans, après avoir eu la joie d’accueillir, comme confrère de l’Académie des Sciences, son fils Johannes, professeur à la Sorbonne, ancien agrégé de l’Ecole de Pharmacie.

Travaux

Avant de se consacrer exclusivement à l’enseignement de la botanique, Chatin avait enseigné aussi la zoologie à l’Ecole de pharmacie de 1845 à 1847 et même la cosmographie, la géologie, et la métallurgie en 1848, dans des cours qu’il avait organisés à l’intention des ouvriers, véritable précédent aux Universités populaires.

Dans ses recherches, il explora plusieurs domaines de la botanique.
Anatomiste, il se spécialisa surtout dans l’étude de l’androcée, phytochimiste, il étudia le problème de l’iode chez les plantes terrestres et d’eau douce, physiologiste, il s’intéressa à la composition des sèves, à la respiration des fruits et à l’emploi des sels minéraux comme engrais en agriculture, cryptogamiste, il décrit plusieurs espèces nouvelles de Tubéracées. Il fut aussi un excellent floriste : en 1854, il fut un des fondateurs de la Société botanique de France dont il assuma quatre fois la présidence. il en dirigea cinq fois les sessions extraordinaires dans diverses régions de France. Il s’occupa aussi des rapports de la végétation avec le sol, spécialement pour les plantes aquatiques et parasites.

Direction de l’École

Succédant à Bussy qui a laissé le souvenir d’un remarquable administrateur, Chatin eut le mérite de ne pas lui être inférieur dans la tâche de directeur de l’École supérieure de Paris. C’est à lui que l’on doit la construction des nouveaux bâtiments de l’avenue de l’Observatoire. il obtint la création d’enseignements nouveaux : cours complémentaire d’analyse chimique, cours complémentaire  (1877) puis chaire d’hydrologie et minéralogie (1881), chaire de cryptogamie (1881), poursuivit l’œuvre de Bussy dans la création d’enseignements pratiques en organisant les travaux pratiques de micrographie, fit instituer un examen de stage et le diplôme supérieur de pharmacien de 1ère classe qui, sous ce titre modeste, était l’équivalent du doctorat ès-sciences pour les candidats à l’enseignement supérieur pharmaceutique.

Toutes ces réformes, qui conduisaient à un renforcement des programmes et, en conséquence, à un accroissement de la difficulté des examen, ne se réalisèrent pas sans provoquer les protestations et les « contestations » des étudiants. C’est à la suite de leurs manifestations que Chatin démissionna de toutes ses fonctions de directeur et de professeur.

Distinctions honorifiques

Membre de l’Académie de médecine le 2 août 1853, il la présida en 1876.
Président de la Société de Pharmacie de Paris en 1858.
Membre de la Société nationale d’Agriculture en 1873.
Elu le 29 juin 1874 à l4Académie des Sciences qu’il présida en 1897.
Chevalier de la Légion d’honneur en 1855? et promu officier quelques années plus tard.

Bibliographie.

-Anatomie comparée des végétaux, 2 tomes 1856-57.
-De l’anthère, 1870.
-La truffe, 1892.

Biographies

-Notice par L. Guignard. J. Pharm. Chim. 13, 6° série, 1901, p. 151-160.
-L. Guignard, p. 204-215, in Centenaire de l’Ecole supérieure de pharmacie de Paris, 1903, 46 p.
– Marcel Mascré, p. 107-112, in Figures pharmaceutiques françaises, 1953, 277 p.

Source : G. Dillemann, Historique des Facultés de pharmacie… Produits et problèmes pharmaceutiques, 1970+

Tags: No tags

Comments are closed.