Charles Gauduchaud (1789-1854)
CHARLES GAUDICHAUD, PHARMACIEN DE LA MARINE AU TEMPS DES VOYAGES DE CIRCUMNAVIGATION 1789-1854
par Guy Courcou (Communication prononcée à la séance du 11 mars 1998).
Au mois de septembre 1789, bien peu de gens se souviennent de la promesse que La Pérouse, parti quatre années auparavant, avait faite au roi, d’être de retour de son tour du monde en cette même année. La tourmente de la Révolution a fait oublier l’extraordinaire expédition. Bien loin de l’agitation parisienne, en ce mois de septembre, la municipalité d’Angoulême est renouvelée. Des rumeurs d’un éventuel manque de ravitaillement courent les rues.
Gaudichaud et sa famille
Charles Gaudichaud naît le 4 septembre 1789, de père huissier, garde au présidial d’Angoulême, qui avait épousé en 1777 Françoise Mallat, fille d’une famille de bouchers depuis le XVe siècle. L’enfant est baptisé en l’église Saint-Paul, près de la halle. De nombreux membres de la famille Gaudichaud sont maîtres papetiers non loin de la ville, sur les communes de la Couronne et Mouthiers-sur-Boëme, au pied du château de La Rochandry. Son père, Jean- Jacques Gaudichaud, se retire sur ses terres de Saint Yrieix-sur-Charente, non loin d’Angoulême. À l’âge de sept ans, Charles Gaudichaud voit sa mère disparaître. Son père n’est plus de ce monde peu de temps après. Âgé de huit ans et demi, l’enfant est recueilli par son grand-père maternel, Charles Mallat. Un proche voisin, médecin des Armées à la retraite, dénommé Merillon, passionné de sciences naturelles, lui donne les premiers rudiments de botanique. Après la disparition de son grand-père, deux années plus tard, il est recueilli par son oncle par alliance, Pierre Sebillote-Latourd.
À l’âge de seize ans, il se rend à Cognac pour apprendre l’art de la pharmacie chez son beau-frère Gabriel Réveillon, qui avait épousé, le 30 avril 1800, Rose Gaudichaud. Après deux années passées dans cette ville, il retourne à Angoulême pour suivre ses études chez le maître pharmacien Chauvin-Desroches, où il côtoie des professeurs du collège central. Lefebvre de Villebrune, membre du Collège de France, célèbre traducteur d’ouvrages grecs, latins et allemands, mis à l’index par l’agitation parisienne, y enseigne les sciences naturelles. À cette époque, Charles Gaudichaud se passionne pour la lecture des récits de voyages d’exploration de Cook, Bougainville, Baudin, etc. Il vient à Paris en 1808 pour y terminer ses études au collège de pharmacie, rue de l’Arbalette. Il a pour maître pharmacien Benoît, puis Robiquet, installé 9 rue de la Monnaie. Au Muséum d’histoire naturelle, il approfondit ses connaissances en botanique au cours de Desfontaines.
Gaudichaud, pharmacien de la Marine
Au mois d’avril 1810, Charles Gaudichaud demande un poste de pharmacien auxiliaire dans la Marine. Il gagne Brest au début du mois d’août. Dès la fin du mois, il est congédié pour des raisons de compression d’effectifs. Réintégré au mois d’août de l’année suivante, comme pharmacien auxiliaire entretenu de 3e classe, il est responsable des magasins du port d’Anvers, où Charpentier dirige l’ensemble de la pharmacie. Soucieux de son honneur, il provoque en duel le chirurgien de la Marine impériale Bergeron. Au cours de ce combat, Gaudichaud est blessé grièvement d’un coup d’épée qui lui traverse un poumon. Sa fougue pour les armes ne sera pas pour autant diminuée. À la signature du traité de Paris, au mois de mai 1814, il est envoyé en poste à Rochefort. Duelliste depuis toujours, il provoque en duel l’officier de la Marine royale Mezin De Pardeillan. Sa vie sera marquée par dix-sept duels.
Premier voyage de circumnavigation : L’Uranie (1817-1820)
Louis Saulse de Freycinet projette une expédition maritime, à la recherche de nouveaux territoires et de débouchés commerciaux. Pour respecter le traité de Paris, Louis XVIII retient pour objectif principal de cette expédition, l’étude du magnétisme terrestre et de la configuration de la terre.
Dans cette expédition, Quoy et Gaimard, officiers de santé, seront les naturalistes, Louis Arago, le dessinateur. Gaudichaud propose son embarquement en tant que botaniste, en remplacement de Villeneau. L’Académie des sciences rédige les instructions scientifiques. Elle demande à Gaudichaud, en dehors de son véritable travail de botaniste, de rechercher tout particulièrement de nouvelles espèces de bois utilisables pour la construction des bateaux. Il fera peu de cas de cette recommandation. Pour la première fois, l’expédition comprend un seul bâtiment : la corvette Uranie.
Quelques temps avant l’appareillage, Gaudichaud herborise dans les collines proches de Toulon avec un certain Dumont D’Urville, en attente d’un embarquement. Sous voiles le 17 septembre 1817, l’expédition gagne successivement Gibraltar, Rio de Janeiro, l’Ile de France. À cette relâche, Jules Néraud, originaire du Berry, ami de George Sand et féru de botanique, prodigue à Gaudichaud une aide précieuse pour ses recherches. Ce dernier, fatigué par les mauvaises conditions de la traversée, herborise à Bourbon, sur les traces d’ Aubert Dupetit-Thouars, à la fin du siècle précédent. De là, l’expédition mouille aux îles Timor, Rawak (dans les îles des Papous en Indonésie), et découvre des îles qui prennent le nom des officiers de santé Gaimard et Quoy, une autre, celle de Gaudichaud. Un promontoir de l’île Manouran prendra aussi son nom.
Après relâche aux îles Sandwich, l’Uranie jette l’ancre à Port Jackson. Notre botaniste herborise dans l’arrière-pays, dans les montagnes bleues. De là, la corvette croise le Cap Horn dans une tempête. Aux îles Malouines, le bâtiment fait naufrage en voulant se mettre à l’abri pour réparer ses avaries. Gaudichaud perd les deux tiers de ses 6 000 espèces récoltées. Pendant la longue attente d’un éventuel bâtiment qui ramènerait l’expédition en France, il herborise sans cesse pour reconstituer partiellement ses collections végétales. Il est de retour au Havre, le 20 novembre 1820, à bord du bâtiment américain Mercury, rebaptisé Physicienne après son rachat. À l’issue de trente mois de voyage, Gaudichaud remet toutes ses collections au Muséum d’histoire naturelle de Paris.
À l’initiative du roi, la publication du Voyage autour du monde : 1817-1820 se fait sous la responsabilité de Louis Saulse de Freycinet. Gaudichaud est chargé de la publication de la partie botanique. Il confie la rédaction des chapitres sur les mousses et les cryptogames à deux de ses amis : Person et Schwarsegen. Un atlas avec des dessins de Poiret est édité. Quinze volumes seront ainsi publiés jusqu’en 1842. Au retour de ce voyage scientifique de circumnavigation, Charles Gaudichaud est nommé pharmacien auxiliaire entretenu de 2e classe, détaché à Paris de 1821 à 1830 pour la rédaction de ses travaux. Sur intervention du naturaliste Humboldt, installé à Paris, 3 quai Malaquais, pour mener à bien ses travaux loin de sa Prusse natale, Gaudichaud est proposé par l’inspecteur général du Service de santé Kéraudren au grade de chevalier de la Légion d’Honneur. Cette distinction lui est décernée en 1824. Quelques années plus tard, en 1827, il devient correspondant de l’Académie des sciences.
Voyage dans les mers du sud : 1831-1833
Pour enrichir ses connaissances en botanique, Gaudichaud postule un nouvel embarquement au début de l’année 1830. La Révolution de Juillet retarde ses projets. Après l’affaire d’Alger, il embarque à bord de la corvette Herminie, placée sous le commandement de Villeneuve de Bargemont, commandant des stations des mers du sud, à savoir Rio de Janeiro et Valparaiso.
Peu de temps après son arrivée à Rio de Janeiro, l’Herminie passe le cap Horn dans des conditions difficiles, pour se rendre à Valparaiso. De retour au Brésil, la corvette mouille près d’un an dans le port de Rio et rentre en France au mois d’octobre 1832. Infatigable, Charles Gaudichaud herborise et demande à rester au Brésil au départ de l’Herminie. Il obtient du commandant des stations des mers du sud l’autorisation d’embarquer sur tous les bâtiments de son choix 9. Cette autorisation lui permet d’être à bord de l’Alerte, puis de la Thisbe et enfin de la Bonite à bord de laquelle, le 21 juin 1833, il rentre en France. Ce voyage est décevant pour ses recherches à cause d’un trop long mouillage de la corvette Herminie dans le port de Rio de Janeiro. Malgré tout, il rapporte près de 5 000 espèces végétales. Affecté à Toulon à son retour, il se rend à Rochefort concourir pour le titre de professeur. Il est admis à ce grade le 23 décembre 1833. Revenu à Paris, il rédige un mémoire sur la physiologie, l’organogénie et l’organographie des plantes vasculaires. Pour des raisons de santé, à l’appui d’un certificat médical du médecin-chef Broussais de l’hôpital du Val-de-Grâce, il demande, le 18 février 1834, sa mise à la retraite. Pour des raisons budgétaires, cette demande ne lui est pas accordée.
Au décès de Labillardière, il pose sa candidature à son fauteuil de l’Académie des sciences ; elle se solde par un échec provisoire. Le 1er février 1834, il est élu à l’Académie des sciences de Berlin. Ses travaux sont couronnés en 1835 par l’Académie des sciences française, qui lui décerne le prix Montyon de physiologie qu’il partage avec Poiseuille pour d’autres travaux. De Mirbel, botaniste, membre de l’Académie, qualifie le travail de Gaudichaud d’intéressant mais sujet à discussion. Dans ses travaux, Gaudichaud défend la théorie des phytons, élaborée fin XVIIIe siècle par Aubert Dupetit-Thouars. Dans cette théorie, chaque partie anatomique de la plante est indépendante de l’individu en matière de croissance, reproduction, etc.
Second voyage de circumnavigation : La Bonite (1836-1837)
En 1836, Gaudichaud obtient un embarquement à bord de la frégate La Bonite, ex-Lybio, placée sous le commandement du capitaine de vaisseau Vaillant, futur amiral. La mission du commandant est d’accompagner des agents consulaires autour du monde. La Bonite quitte Toulon le 8 février 1836 pour rentrer à Brest le 6 décembre 1837. Ce voyage de circumnavigation prend une direction opposée à celle de la corvette Uranie en 1817. La Bonite mouille successivement à Rio de Janeiro, au Chili, Pérou, îles Sandwich, Malaisie et Macao.
Dans la séance du 8 janvier 1837, l’Académie des sciences propose Gaudichaud au fauteuil d’Antoine Laurent de Jussieu, récemment disparu. Le 16 janvier, il est élu sans avoir postulé, fait rarissime pour l’Académie. À l’escale de l’Ile Bourbon, il apprend la nouvelle par courriers de Freycinet et de Brongniart.
À Calcutta, il est éconduit de la table du commandant pour ne pas lui avoir rendu compte de sa descente à terre. Touché au plus profond de son être, sans se sentir en faute, Gaudichaud menace le commandant Vaillant d’un duel s’il n’obtient pas gain de cause auprès du ministre de la Marine. Désapprouvé, Vaillant adresse ses excuses à Gaudichaud. À l’escale de Pondichéry, Charles Gaudichaud réceptionne sept caisses de mûriers, préparées par Wallich, botaniste anglo-indien d’origine danoise. Ces échantillons sont destinés au Muséum d’histoire naturelle de Paris pour l’amélioration des espèces.
Au cours du voyage, quatre cents aquarelles sont réalisées, parmi lesquelles quarante-deux sont conservées à Paris, par le Museum national d’histoire naturelle.
Gaudichaud au Muséum d’histoire naturelle de Paris
De retour à Paris, Charles Gaudichaud est nommé garde des collections botaniques. Il est le premier à occuper cette fonction au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Le roi ordonne au commandant Vaillant la publication des Relations de voyage de la Bonite. Gaudichaud est chargé de la rédaction de la partie botanique avec un atlas. Cette publication en quatre volumes reprend essentiellement son mémoire sur la physiologie, l’organogénie et l’organographie des plantes vasculaires, complété de ses nombreuses communications à l’Académie des sciences. Le 3e volume paraît en 1852 peu avant sa disparition. En 1866, Charles d’Alleizette publie le dernier volume.
Gaudichaud à l’Académie des sciences et au Muséum d’histoire naturelle de Paris
Au retour de son second voyage autour du monde, Charles Gaudichaud partage ses activités entre le Muséum d’histoire naturelle de Paris et l’Académie des sciences.
Parmi les comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, soixante et un lui font référence pour des communications personnelles ou collectives qui peuvent se classer sous différents chapitres : travaux de physiologie végétale ; travaux sur les maladies des végétaux, plus particulièrement sur la maladie de la pomme de terre ; instructions scientifiques pour des voyages d’exploration ; réponses à des communications de membres de l’Académie des sciences, en particulier à De Mirbel, farouche adversaire de la théorie des phytons; rapporteur de commissions avec Brongniart et De Mirbel.
Au Muséum d’histoire naturelle de Paris, il classe les espèces « types », rapportées de ses voyages. Il consacre une partie de ses travaux aux moyens de conservations des espèces végétales récoltées à l’étranger par les botanistes.
Relations avec la Marine
La Marine a toujours mal compris ses travaux de botanique. En 1847, l’état-major de la Marine a l’intention de le mettre à la retraite. L’officier de santé Quoy, chef du Service de santé, ancien compagnon de voyage à bord de l’Uranie, intervient pour éviter cette décision. Plus tard, en 1852, Gaudichaud fait valoir ses droits à la retraite.
Les honneurs
Membre de la Société linnéenne de Bordeaux, le 24 novembre 1823, il devient, les années suivantes, membre de nombreuses sociétés savantes françaises et étrangères, parmi lesquelles : 11 juin 1824, membre de la Société linnéenne du Calvados ; 14 octobre 1824, membre de la Société philobotanique de Paris ; 30 janvier 1827, membre de la Société botanique de Ratisbonne ; 10 mars 1828, membre de la Société linnéenne de Londres ; 1828, correspondant de l’Académie des sciences françaises ; 10 juin 1829, membre de l’Académie allemande des curieux de la nature Léopoldino-Carolina ; il devient aussi membre des sociétés botaniques de Turin, de l’île Maurice et de Batavia.
La fin de sa vie
Domicilié 63 rue de Seine, dans le quartier de Saint-Germain-des-Près, au début des années 1830, il fait la connaissance du docteur Gubler, dit « Goblet », qui sera son fidèle ami jusqu’à sa disparition. Peu de temps après son élection à l’Académie des sciences, en 1837, il est domicilié 8 rue de Fleurus, puis au 16 de la même rue, à l’époque située dans le XIe arrondissement, proche du jardin du Luxembourg.
Dans son appartement, il tient salon, reçoit et protège particulièrement deux poètes originaires de l’île Bourbon : Leconte Delisle et Lacaussade, bibliothécaires au palais du Luxembourg. Il reçoit le poète Octave Lacroix qui succède à Lacaussade comme secrétaire de Sainte- Beuve. Notre botaniste recommande plus particulièrement Lacaussade à François Arago, ministre de la Marine, pour un emploi.
Il a des relations privilégiées avec Dumont D’Urville, Brongniart, Antoine, puis Adrien de Jussieu, Flourens, Geoffroy Saint Hilaire, Chevreul, un professeur de langues orientales, Julien, et les poètes Brizeux et Lamennais.
Il entretient des relations épistolaires avec Humboldt et Kunth, célèbres naturalistes et botanistes, avec un collectionneur d’Angoulême dénommé Bolle, Mgr Guiton, évêque de Poitiers, Mgr Siband, évêque d’Angoulême, et le docteur Bessette, médecin de famille.
Adolphe Mourier, proviseur du lycée d’Angoulême en 1843, devenu recteur de la Haute-Garonne, puis de la Gironde en 1852, compte parmi ses amis.
Dans la Marine, il a des relations avec les amiraux Mathieu, Vaillant, Roussin, De Mackau, Duperré, De Freycinet. Le médecin général Quoy compte parmi ses plus chers amis.
Après avoir gagné Paris pour terminer ses études, il est rarement revenu dans sa ville natale pour se remettre des fatigues de ses voyages. Au cours de séjours à Paris, sa nièce, Marie-Jeanne Dorothée, épouse Fougeret, lui rend visite plus particulièrement dans les dernières années de sa vie. La famille Ozanam, voisin d’immeuble de Gaudichaud, lui est d’un grand secours au crépuscule de sa vie, dans sa solitude, à la recherche d’une petite lumière dans la foi. Docteur en droit, agrégé de lettres, chrétien convaincu, Ozanam fonde en 1847 les conférences Saint- Vincent de Paul, qui existent toujours. L’année 1997 est celle de sa canonisation.
De cœur fragile, après de nombreuses souffrances subies au cours de ses voyages, Gaudichaud ne fait plus de communication à l’Académie des sciences à partir du milieu de l’année 1853. D’une écriture tremblante, le 11 janvier 1854, il rédige son testament qui institue Louise Fougeret, sa nièce « bretonne », légataire universelle. Il disparaît le 14 janvier à Paris. Son décès est déclaré à la Mairie du XIe arrondissement par Maître Fougeret, avoué à Angouleme, et le docteur Gubler. Il est inhumé au cimetière Montparnasse. Ses amis de l’Académie des sciences, Brongniart et Desprez 17, et le médecin général Quoy énoncent ses éloges funèbres.
Charles Gaudichaud au XXe siècle
Sixième enfant d’une famille qui en a compté huit, Charles Gaudichaud, décédé célibataire, n’a pas eu de descendance. Un certain Pierre Gaudichaud, élève en 1812 de Chauvin-Desroches, maître pharmacien à Angouleme, puis élève dans les hôpitaux de la Marine à Anvers, semble faire une seule et même personne avec un certain Georges Washington Gaudichaud, frère de Charles Gaudichaud. En effet, au XIXe siècle, il est courant d’avoir un prénom de baptême différent de celui employé dans la vie de tous les jours. Vers 1850, ce frère, médecin, semble avoir quitté la ville de Corme Royal, proche de celle de Saintes.
De nos jours, l’île Gaudichaud, propriété de l’Indonésie, semble difficile à identifier, en revanche, l’île Manouaran, avec sa presqu’île du même nom, existe toujours. Un martin-chasseur, décrit par Quoy et Gaimard au cours du voyage de Y Uranie sous le nom de Dacelo Gaudichaud, n’a pas disparu de la Nouvelle Zélande. Un genre botanique est identifié sous le nom de Gaudichaudiacée et 240 espèces lui sont dédiées. En 1982, une espèce végétale nouvellement décritre, lui rend hommage.
La théorie des phytons, tombée en désuétude, soutenue ardemment et avec conviction par Charles Gaudichaud, combattue par De Mirbel, a porté ombrage à sa notoriété dans le monde scientifique au fil des années jusqu’à nos jours.
Conclusion
Le monde de la botanique conserve de Charles Gaudichaud le souvenir d’un grand voyageur, comme l’étaient la plupart des grands esprits du XIXe siècle. Il a considérablement enrichi les collections végétales du Muséum d’histoire naturelle de Paris dont il a été le premier garde.
Grand spécialiste de la systématique botanique, il a décrit des milliers d’espèces rapportées de ses missions scientifiques, maillons supplémentaires à l’extraordinaire richesse de l’herbier du Muséum d’histoire naturelle.
Personnage de conviction, infatigable dans ses recherches, il a marqué son époque. Dans le roman de Pierre Benoit, Le Lac salé, un des personnages, le père D’exilés, amateur de botanique, parle « d’un fait intéressant et qui semblerait militer en faveur de la théorie des phytons de M. Gaudichaud ».
Un arrêté municipal de la ville d’Angoulême, en date de 1875, lui rend hommage en lui attribuant le nom d’une artère de la citée sans malheureusement préciser son époque et sa qualité.
Vieille famille de l’Angoumois qui a bien connu celle de Rastignac et l’univers balsacien, les Gaudichaud ont disparu de cette région. La généalogie de la famille nous fait découvrir à travers la descendance de Louise Fougeret, nièce bretonne de Gaudichaud, un Pierre Jobit, aumônier du lycée Saint-Paul d’Angoulême, spécialiste des questions hispaniques, devenu professeur de philosophie à l’Institut catholique de Paris en 1946, prélat de sa Sainteté. L’arbre généalogique fait apparaître un médecin général de la Marine, Henri Bourru, troisième directeur de l’école principale du Service de santé de la Marine de Bordeaux (1894-1902). De cette famille, alliée aux Merleau-Ponty, naît à Rochefort en 1908, Jean- Jacques Maurice Merleau- Ponty, philosophe. Parmi eux, nous trouvons l’amiral Joseph Henri Merleau- Ponty, qui présida la commission chargée d’étudier l’implantation de l’arsenal de Bizerte, et le médecin colonel Jules- Jean Merleau-Ponty, directeur du Service de santé de Rochefort entre 1930 et 1931.