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La cartophilie et la pharmacie

Exposition temporaire n°4 : la cartophilie et la pharmacie

Les cartes postales de pharmacies anciennes et publicités pharmaceutiques

 

  

La carte postale fait l’objet d’un soin attentif des collectionneurs depuis de nombreuses années. Elle est en effet le témoin de la mode, du folklore et des goûts de toute une époque dont le souvenir se perpétue grâce à elle. Elle fut aussi le moyen de faire connaître certaines officines, quelques entreprises pharmaceutiques et beaucoup de spécialités : c’est l’objet de cette exposition de les faire connaître, au moins pour certaine d’entre elles.

 

      

 

 

On peut rattacher l’origine de la carte postale aux cartes de voeux que s’échangeaient les Chinois au X° siècle. C’est cependant en Alsace que l’on a retrouvé les premières cartes de voeux, remontant à 1450, petites gravures sur bois, coloriées à la main, représentant l’enfant Jésus, présentant ses voeux. La carte postale n’apparut véritablement que vers le milieu du XIX° siècle. Elle est née à Vienne, le 1° octobre 1869. Cette « Korrespondenzkate » se présentait en impression noire sur un carton crème, sans aucune illustration, sinon les armoiries impériales autrichiennes.

Au recto, trois lignes horizontales étaient réservées à l’adresse du destinataire, le verso étant réservé à la correspondance, avec une mention suivant laquelle « la direction des postes déclinait toute responsabilité quant à la teneur de la correspondance ». En France, cette carte apparût en 1870, lors du siège de Strasbourg par l’armée allemande, au mois d’août, avec l’estampille de la Croix Rouge. Dans Paris assiégé, le décret du 21 septembre 1870 autorisa l’utilisation des cartes postales « en carton plein, pesant au maximum 3 grammes et mesurant 11 cm sur 7 cm ». Elles étaient affranchies et expédiées par ballon. Peu d’entre elles arrivèrent à destination.

 

Mais l’utilisation officielle de la carte postale n’intervint en France que le 15 janvier 1873. La seule « illustration de cette carte postale était une frise de 4 mm d’épaisseur, encadrant la partie réservée à l’adresse du destinataire qui portait le timbre d’affranchissement et les indications administratives de la poste. Jusqu’en 1875, la carte postale est restée monopole de l’Administration des Postes, ce qui n’empêcha pas des commerçants d’en faire usage à titre publicitaire, en faisant reproduire au recto des cartes officielles de petites illustrations représentant leur immeuble ou leur sigle.

La carte illustrée fut peu diffusée en France avant l’invention, en 1894, de la phototypie. Dès lors, cette nouvelle technique favorisa sur une grande échelle la reproduction de la photographie sur la carte postale. Bergeret installa son premier atelier à Nancy et produisit 25 millions de cartes postales en 1898, 30 millions en 1901, 100 millions en 1909.

La carte postale fut, comme pour les autres commerces, l’occasion pour les pharmaciens, volontairement ou non, de faire connaître leur officine. Cette exposition n’en montre que quelques unes. Elles ne sont pas toujours datées. La plus ancienne date de 1898 et montre une pharmacie de Besançon au pied de la maison natale de Victor Hugo.

D’autres pharmacies viennent de régions de France très variées.

 

Par ailleurs, il existe de nombreuses cartes postales à thème pharmaceutique. Elles étaient destinées soit à la promotion d’un produit, ce qui est le cas le plus fréquent, soit à la promotion d’une marque, d’une entreprise pharmaceutique (voir la rubrique Publicité et affiche). Dans ce dernier cas, l’entreprise pouvait être amenée à faire réaliser des cartes à thème et de signer de son nom cette réalisation. C’est le cas par exemple avec une série publiée en 1957 par les Laboratoires Fournier Frères sur la « Petite histoire de la Carte postale Illustrée ». Cette série sert de support à des publicités pour les spécialités du laboratoire.

 On peut aussi donner l’exemple du laboratoire GOY qui édita de nombreuses cartes postales pour vanter les mérites de ses produits les pastilles MBC, et l’athloform glucosé. Certaines cartes postales comme celle-ci était destinée à être renvoyée par le médecin au Laboratoire pour obtenir des échantillons. D’autres étaient destinées au patient lui même.

             

Voici deux exemples de cartes destinées au patient : celle du Laboratoire Ferré, Blottier et Cie qui fait une publicité pour le Masticatoire FERLYS, très efficace contre Dyspepsie, Entérite, Dilatation, nécessaire aux personnes obligées de manger très vite », illustrée par « La noce à bicyclettes ». L’autre est une publicité pour le Globéol, des Laboratoires Chatelain : « Voilà le remède qui guérit : le Globéol, dons je connais l’efficacité constante et absolue et que je vous garantis le plus énergique des reconstituants » indique le médecin à sa maladie.

 

Les cartes postales publicitaires pharmaceutiques ont souvent pour thème l’enfant comme on peut le voir sur ces deux cartes : celle de l’Hemostyl de Roussel : »Les enfants sont gourmands du sirop HEMOSTYL », ou encore cette carte de la Pharmacie Normale de Bordeaux (« Une des plus importantes du Sud-Ouest de la France », Dépôt général du Rob Lechaux), représentant le Petit Poucet : l’arrivée des enfants perdus au palais de l’Ogre.

                             

Les cartes postales à thème pharmaceutique peuvent aller du plus amusant au plus sérieux : témoin ces deux cartes : l’une fait la publicité pour Horsine, « suc de viande de cheval, le plus puissant régénérateur de l’Organisme ». Elle représente le Portrait du Cardinal de Richelieu et fait partie d’une série sur les personnages célèbres de l’histoire. L’autre est une bande dessinée, « Larmes Noires » qui raconte l’histoire de Miss Tenfluth au prise avec Bob, un enfant visiblement peu travailleur ! C’est un support publicitaire pour une spécialité qui n’est pas liée au sujet de la bande dessinée : les Véritables Grains de Santé du Dr FRANCK contre la constipation et ses facheuses conséquences !

                                   

On trouve souvent pour illustrer les cartes postales pharmaceutique des monuments célèbres : Eglises, Chateaux… Ici deux exemples : Le Chateau de Flers (Orne), incendié en 1800 puis restauré à plusieurs reprises. I fait partie d’une collection importante de cartes postales de « la Solution Pautauberge », du nom du fameux laboratoire Pautauberge. L’autre exemple est un dessin du Chateau de Vincennes, pour les Capsules DIEU, « remède les plus héroïques pour la guérison des affections aigües et chroniques des voies respiratoires : Catarrhe, Asthme, Bronchites, Tuberculose, Grippe, Influenza », carte que l’on doit au Laboratoire CAPMARTIN, à Blaye-sur-Gironde. Sur l’autre face de la carte, on peut lire « le bon vin rouge naturel est un puissant tonique » !

Pour terminer, deux cartes postales proches de la 1° guerre mondiale : celle du Laboratoire Chapeautot et de sa fameuse « APIOLINE » « capsules employées avec succès par les Dames souffrant de douleurs périodiques qu’elles font disparaitre dès le deuxième mois », qui représente les soldats de 1914-1918 en reconnaissance. Et la carte des Laboratoires Fournier Frères, des années 1920, pour la Vasolaxine, « huile de paraffine absolument pure et sans saveur, (qui) constitue, sans contestation possible le meilleur traitement de la constipation habituelle ». L’illustration est celle du médecin qui apporte le produit à une malade avec la phrase de Molière (L’amour médecin) : « Ce trésor merveilleux que ma main vous dispense vous pouvez, avec lui, braver en assurance tous les maux que sur nous l’ire du ciel répand ».

 

 Cette exposition n’est évidemment qu’un faible aperçu des cartes postales en relation avec la pharmacie mais donne une idée de l’usage fait par les pharmaciens de ce moyen de communication depuis plus d’un siècle.

 Référence : Martin Wetzel (Bozel, France). La Cartophilie
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