Capsules d’Apiol des docteurs Joret et Homolle
Extrait de l’ouvrage du docteur Dehaut (1902) sur ce sujet1 :
Les bonnes femmes de la Bretagne ont la coutume de faire prendre de la semence de persil aux jeunes filles et aux femmes dont les règles ne viennent pas, ou viennent difficilement.
Le docteur Joret, qui était Breton, voulut savoir si cette pratique était fondée sur quelque chose de sérieux, et, après avoir pris, dans le pays même, toutes les informations possibles, il en rapporta une bonne provision de graine de persil qu’il avait vu employer. Pendant plusieurs années, il fit, de concert avec le docteur Homolle, de nombreuses expériences, desquelles il résulta que le persil renferme, en effet, une substance qui possède la propriété d’agir sur les fonctions utérines, de manière à les activer ou bien les réveiller.
L’emploi de la graine de persil en nature n’étant pas commode, les docteurs Joret et Homelle cherchèrent et trouvèrent le moyen d’extraire de cette graine la substance active qui lui donne ses propriétés. Cette substance possède l’apparence d’une huile, et c’est pour cela qu’on lui a donné le nom d’Apiol, mot qui signifie huile de persil. L’odeur et la saveur de l’apiol ne sont pas agréables ; mais lorsque cette substance est renfermée dans des capsules, on ne s’en aperçoit pas du tout, et le remède est vraiment d’un emploi très facile.
Nous avons eu l’occasion, dans ce Manuel, de dire qu’il ne faut pas chercher à provoquer les règles par des moyens violents, et nous nous sommes abstenus de mentionner les moyens de ce genre, qu’il vaut mieux ne pas connaître : mais cette réserve ne s’applique pas à l’apiol.
En effet, d’après le témoignage d’un grand nombre de médecins, si, par erreur, on employait les capsules d’apiol dans des cas où elles ne seraient pas efficaces, il n’en résulterait aucun mal. Par conséquent, on peut conseiller l’emploi de ces capsules à toute personne dont les règles sont arrêtées par suite d’un refroidissement, d’une émotion violente ou de quelque accident, ainsi qu’à celles qui ne perdent pas assez, où qui éprouvent, à ce moment, des souffrances plus ou moins pénibles, ce qui constitue la dysménorrhée.
On ne saurait affirmer que ce remède réussira chez toutes les malades ; mais puisqu’il est sans danger, on fera toujours bien d’en faire l’essi. En cas de succès, cas qui se présente souvent, on aura trouvé le moyen de s’épargner des souffrances qui reviennent trop fréquemment.
Mode d’emploi – Il est des plus faciles. On attend le moment où les malaises annonçant l’approche des règles se font sentir, ou, en cas de suppression, le moment présumé où elles doivent venir ; alors, on prend une capsule le matin et une autre le soir, en se couchant. On continue pendant le nombre de jours que dure, ou que devrait durer le cours du sang, et on cesse jusqu’au mois suivant, pour recommencer de la même manière. Que l’action du remède ait été plus ou moins favorable, ou qu’elle ait été entièrement nulle, on persiste encore le troisième mois. En cas d’insuccès, on renonce à l’emploi des capsules ; si le succès est complet, on cesse de même ; mais si on a obtenu un soulagement plus ou moins marqué, on continue tous les mois, jusqu’à ce que la guérison soit complète.
Nous ajouterons que l’emploi des capsules d’apiol ne s’oppose en rien à celui des autres moyens…
La préparation de l’apiol est très minutieuse, très longue et très coûteuse ; aussi, certains fabricants de droguerie au rabais, s’épargnant cette peine , se contentent de mettre dans des capsules un liquide huileux qui n’a d’autre mérite que de porter le nom d’apiol sur l’étiquette. il est facile de reconnaitre ce genre de fraude ; il suffit, pour cela, d’ouvrir une capsule et d’en laisser tomber le contenu dans un verre d’eau claire : s’il gagne le fond du verre, c’est l’apiol vrai ; s’il nage à la surface de l’eau, ce n’est pas de l’apiol, et il faut le rejeter sans hésitation.
Ne demandez pas aux pharmaciens des capsules d’Apiol, tout simplement ; mais n’acceptez que des flacons portant bien les noms des docteurs Joret et Homolle.
- Manuel de médecine, d’hygiène, de chirurgie et de pharmacie domestiques par Dehaut…24ème édition, Paris, chez l’auteur, 1902