Antoine-Louis BRONGNIART (1742-1804)
Antoine-Louis Brongniart, né en 1742, était le fils d’un pharmacien parisien, et le frère cadet du célèbre architecte du même nom. Ce membre d’une famille de savants fut reçu à la maîtrise d’apothicairerie en 1761, reprit quatre ans plus tard l’officine de son père décédé, puis donna des leçons au Collège de pharmacie, ainsi que dans un établissement scolaire de la capitale. Après son entrée au Jardin Royal, Brongniart acheta vers 1781 l’une des quatre charges d’apothicaire de Louis XVI, et céda son officine. Il se vit confier en 1787, à Versailles, un cours de chimie et de physique auquel assistèrent diverses personnalités, tel Fourcroy, Lacepède ou Sieyès. Par ailleurs, en 1790 Brongniart donna au Jardin du Roi des leçons publiques gratuites de pharmacie, qui remportèrent un vif succès.
C’est alors que la Révolution vint bouleverser la carrière de notre apothicaire : enrôlé en 1792 comme pharmacien de première classe, il dut faire la campagne d’Italie, après un rapide passage à Lyon, puis revint à Paris en 1795. Berthollet le remplaça au Jardin durant son absence. Dès lors, Brongniart cumula des fonctions militaires –exercées dans plusieurs villes de France, ainsi qu’à Zurich – avec divers postes de professeur dans la capitale. Il eut la particularité d’être le dernier démonstrateur de chimie du Jardin Royal, puisque, par décret de la Convention en date du 10 juin 1793, l’établissement fut transformé en un Muséum national d’Histoire naturelle, comportant douze chaires magistrales. Parmi celles-ci furent distinguées une chaire de Chimie générale, qui revint à Fourcroy, ainsi qu’une chaire d’Arts chimiques dont Brongniart fut le titulaire. Notre pharmacien eut par ailleurs l’occasion d’assurer la suppléance du minéralogiste Dolomieu, expédié en mission pendant la campagne d’Egypte, tandis que lui-même, ayant dû rejoindre l’armée à Dijon en 1800, fut remplacé par son confrère Vauquelin. Enfin, Brongniart professa la chimie au Val de Grâce, et devint en 1803 le premier titulaire de la chaire de pharmacie de l’Ecole de pharmacie. Il mourut prématurément à Paris en 1804.
Celui dont nous venons de retracer la vie, publia en 1779 un tableau analytique des combinaisons chimiques. De plus, Brongniart conduisit des travaux sur la cristallisation, les altérations de l’opium, la lymphe, ainsi que sur les substances fournissant le phosphore. Enfin, le pharmacien rédigea à la fin de sa vie deux mémoires : l’un sur l’analyse de la terre d’ambre de Cologne, l’autre sur les principes de l’eau minérale de Balance.
La Révolution ayant supprimé la charge d’intendant en 1793, des directeurs démocratiquement désignés par leurs collègues se relayèrent à la tête du Muséum : Daubenton, Jussieu, Lacépède, Fourcroy. Et c’est sous l’administration du dernier cité qu’à Brongniart succéda, dans la chaire des Arts chimiques, Louis Nicolas Vauquelin.
Source : Philippe JAUSSAUD. Les pharmaciens du Muséum. 3° partie : les Lumières et la Révolution. Actualités pharmaceutiques, avril 1996, 341 : 64-65
Complément sur Antoine-Louis Brongniart, 1er titulaire de la Chaire de Pharmacie, né à Paris le 14 août 1742, décédé à Ingouville, le 11 juillet 1804.
Fils d’Ignace Brongnairt et de Louise de Fourcroy, frère de l’architecte célèbre Théodore Brongniart, Antoine Louis fut reçu maître apothicaire de Paris en 1761. Il succéda à son père au « Flambeau royal », rue de la Harpe, le 20 octobre 1763, avec dispense d’âge. Vers 1781, il acheta une des quatre charges de premier apothicaire de Louis XVI, et il devint ainsi prévôt perpétuel honoraire du collège de pharmacie. Au mois de juin de la même année, il céda son officine à François-Edme Regnault.
Le 3 mars 1790, il est avisé que sa charge de premier apothicaire est supprimée par raison d’économie et qu’en attendant le remboursement de la finance de cette charge, il recevra une rente de 3000 livres par an.
Depuis 1777, Brongniart consacrait la plus grande partie de son temps à l’enseignement. Mais en 1792, il est enrôlé dans l’armée comme pharmacien militaire de 1er classe et conservera des fonctions dans la pharmacie militaire jusqu’à sa mort, tout en occupant divers postes officiels de professeur à Paris.
En novembre 1793, il est apothicaire-major à Lyon (alors « Ville-Affranchie »). En 1794, il est affecté à l’armée d’Italie mais revient en 1795 à Paris, où il est nommé le 1er février membre du conseil de santé des armées, puis, ce conseil étant supprimé, inspecteur-général du service de santé des armées et le 22 mars 1795, pharmacien en chef de l’hôpital militaire d’instruction du Val-de-Grâce. Le 21 juin 1800, il devient pharmacien en chef de l’armée de réserve de Dijon, puis est envoyé à Zurich et ensuite à Rennes comme pharmacien-chef de l’hôpital militaire d’intruction. Il est renvoyé enfin à Paris le 6 janvier 1802.
Brongniart et l’enseignement de la pharmacie et de la chimie.
Antoine Brongniart fut un passionné d’enseignement et il consacra à des tâches professorales la majeure partie de son temps. Dès la création du collège de pharmacie en 1777, il en fut démonstrateur de chimie, mais il donne aussi des cours privés de physique et de chimie, en particulier au collège de Tours, rue Serpente. En avril 1778? il entre au Jardin du Roi, succédant à Rouelle comme démonstrateur de chimie, sans abandonner des autres enseignements.Sa réputation lui fait confier en 1787 un cours de chimie au château de Versailles.
En 1790, il donne au Jardin du Roi un cours public et gratuit de pharmacie qui obtient un grand succès ; la même année, il fait un cours payant (18 F la souscription) d’histoire naturelle appliquée à la médecine et aux arts dans un local de la rue du Théâtre français et professe un cours de chimie au collège de la Marche Winville, à la Montagne Saint-Geneviève.
Alors qu’il a été appelé à rejoindre l’armée l’année précédente, il est chargé, en juin 1793, d’enseigner les arts chimiques au Muséum, et doit se faire suppléer par Berthollet. il reprend cet enseignement à son retour à Paris en 1795, tout en étant chargé des cours de pharmacie et de chimie à l’école du Val-de-Grâce, et d’un troisième cours au Lycée Républicain.
Il est également chargé de suppléer Dolomieu, professeur de minéralogie au Muséum, envoyé en mission pendant l’expédition d’Egypte.
Lorsqu’il quitte à nouveau Paris en juin 1800 pour l’armée de Dijon, il est remplacé à son coursdes arts chimiques par Vauquelin qui lui succédera à sa mort, et cède la suppléance de Dolomieu au célèbre Haüy.
En 1801, il enseigne encore la pharmacie et la chimie à Zürich avant de rentrer à Paris. Il est élu secrétaire du Muséum en 1802-1803 et nommé premier professeur titulaire de pharmacie à l’école de pharmacie de Paris par décret du 15 vendémiaire an XII. Il allait enfin pouvoir mener une existence moins mouvementée, lorsqu’il décède à 62 ans, le 24 février 1804.
Travaux scientifiques
La notoriété de Brongniart comme enseignant l’emporte de loin sur sa réputation assez modeste de savant. S’étant dispersé pendant vingt-cinq ans à assurer des enseignements officiels et privés, ayant dû consacrer une partie de son activité à l’armée pendant des années, il n’est pas étonnant que son œuvre scientifique soit peu importante. Elle est en outre assez variée et on y relève des recherches sur la cristallisation, sur les altérations de l’opium, sur celles de la lymphe in vivo et in vitro, sur les substances fournissant le phosphore. Après son retour définitif à Paris, il publia encore des travaux sur l’analyse de la terre d’ambre de Cologne et sur les principes de l’eau minérale de Balance.
Il avait posé sa candidature dans la classe de chimie de l’Académie des Sciences, mais n’y fut jamais élu.
Il a publié en 1779 un « tableau analytique des combinaisons et des décompositions des diverses substances ou procédés de chimie pour servir à l’intelligence de cette science3.
Biographies
General J.B. Dumas. Les Brongniart, ed. multigraphiée, 171 p.
Louis de Launay. Les Brongniart. Paris, 212 p. ; la vie d’Antoine-Louis y est relatée de la page 11 à la page 15 incluse.
M. Bouvet. Les apothicaires royaux. Rev. Hist. Pharm. 1930 : 207-208.
M. Bouvet. Brongniart, pahramcien en chef de l’hôpital de Rennes. Rev. Hist. Pharm. 1949 : 497-500.
Robet Anchel. Les Brongniart. Rev. des Spécialités, août-septembre 1933.
Source : G. Dillemann, Produits et problèmes pharmaceutiques. Historique des facultés de pharmacie, 1970+