illus014

Maurice BOUVET

Maurice Bouvet dans son bureau de la rue Beautreillis, aux Etablissements GOY (1960)

 

 Maurice BOUVET (1885-1964)

Maurice Bouvet vit le jour le 10 juin 1885 dans un petit village du Perche à Saint-Fulgent-des-Ormes. Il était issu d’une famille modeste : son père, Lucien Bouvet, après avoir été domestique à la campagne, avait fait six ans de service militaire en Algérie, ce qui n’avait pas facilité son insertion rapide dans la vie. C’est au moment du mariage de Maurice Bouvet et d’Hélène Charles, du Mans, que Lucien Bouvet devint petit propriétaire. Il eut de ce mariage deux filles : Marguerite (épouse Bonnemain) et Yvonne (épouse Lordez), et de très nombreux petits-enfants.

Pièce attenant au bureau de Maurice Bouvet chez Goy, 1960

 

Le jeune Maurice Bouvet fit de bonnes études primaires et secondaires et obtint à Caen, en 1903, le baccalauréat lettres-mathématiques. C’est M. Lemerland, pharmacien à Alençon, et ami de ses correspondants dans cette ville, qui l’encouragea à entreprendre des études de pharmacie. Il accomplit sa première année de stage (1903-1904) à la pharmacie EDET à Alençon, la seconde année (1904-1905) à Paris, à la pharmacie Grignon, rue Duphot, et obtint une dispense de stage pour la troisième année comme c’était généralement accordé par le ministre Gaston Doumergue. Maurice Bouvet commença donc sa scolarité à l’Ecole Supérieure de Pharmacie de Paris en 1905-1906 (en même temps que Louis Jouvet) mais l’interrompit une année pour son service militaire en tant qu’infirmier au 103° régiment d’infanterie à Alençon. C’est à la bibliothèque de la ville qu’il fit des recherches sur l’histoire des plantes médicinales et commença ainsi à s’intéresser à l’histoire de la pharmacie.

.

.

Henri Bonnemain et Maurice Bouvet chez GOY vers 1960

.

.

En 1908, il se présenta au concours de l’internat en pharmacie des Asiles de la Seine, y fut nommé et affecté à l’asile de Perray-Vaucluse le 1° février 1908. Il y demeura quatre ans jusqu’au 31 janvier 1912. La même année 1908, il s’inscrivit pour le prix de la fondation Lebeault qu’il se vit attribuer. Tout en terminant sa scolarité, il entreprend des études à la faculté de Sciences et obtient le grade de Licencié ès Sciences Physique en 1911. Le 20 décembre 1910, Maurice Bouvet obtient le diplôme de pharmacien de 1° classe. Il entreprend alors sous la direction d’Armand VALEUR, pharmacien-chef des Asiles de la seine, une thèse de doctorat de l’Université de Paris qu’il soutient le 31 mars 1914 avec, comme sujet : « Sur quelques glycols bitertiaires symétriques » devant un jury composé de Béhal, Delépine, et Valeur.

Henri Bonnemain et Maurice Bouvet remettent les médailles de travail chez Goy le 26 novembre 1960

C’est sur la chaude recommandation de Valeur que M. Bouvet entra en 1911 aux Etablissements GOY comme directeur de l’usine de Bagnolet. La firme GOY fabriquait alors essentiellement des capsules mais la disparition d’Adolphe GOY amena une nouvelle direction avec Gabriel BEYTOUT, père de Pierre Beytout. En arrivant  en 1911, M. Bouvet fit bénéficier l’entreprise de ses connaissances étendues en matière de comprimés, dragées, cachets, granulés et son ouvrage paru en 1919 sur les comprimés fut remarqué.

La guerre de 1914-1918 apporta une interruption dans le travail professionnel de M. Bouvet : il était alors mobilisé comme pharmacien aide-major de 2° classe à l’Ambulance n°11 à la 86° division territoriale. En 1916, il est à Verdun comme pharmacien aide-major de 1° classe et est inscrit, à ce titre, au livre d’or des soldats de Verdun. En avril 1916, il est victime d’une fracture de côté et évacué sur le dépôt de convalescence d’Alençon. Nommé à l’hôpital de Niort, il lui est accordé un congé sans solde pour assurer aux Établissements GOY l’exécution des marchés passés avec l’Administration de la Guerre. En février 1918, il est affecté à l’Inspection des Etudes et Expériences chimiques de guerre de l’Ecole Supérieure de Pharmacie de Paris.

Pièce attenante au bureau de Maurice Bouvet, chez Goy, vers 1960

Sous l’autorité du professeur LEBEAU, il travaille aux recherches sur l’ypérite dont il est lui-même victime, comme le Pr Delaby et d’autres. Après la guerre, M. Bouvet est nommé pharmacien lieutenant, puis pharmacien capitaine en 1933. En septembre 1939, il est affecté au Laboratoire Z de la faculté de Pharmacie de Paris et sera rayé des cadres le 20 mars 1941. il contribuera à la création en 1947 de la Commission de l’histoire de la Pharmacie militaire.

Revenant chez GOY, Maurice Bouvet en est nommé administrateur délégué, puis devient président du Conseil d’administration le 13 décembre 1940, fonction qu’il conservera jusqu’à son décès.

Pièce attenant au bureau de Maurice Bouvet chez Goy, vers 1960

Elu à l’Académie Nationale de Pharmacie en 1923, il en fut successivement le trésorier (1947-1949), puis le président (1951). Il fut par ailleurs actif au sein de l’Ordre des pharmaciens en prenant la vice-présidence (1947) puis la présidence de la section C (1948). Il fut membre de la Commission du Codex (1944) et de bien d’autres instances professionnelles.

En dehors de son activité professionnelle, Maurice Bouvet consacra beaucoup de temps et de talent à l’Histoire de la pharmacie : Il fut membre actif de la Société d’histoire de la pharmacie dès 1922.

Document attestant que Maurice Bouvet était à Verdun

Henri Bonnemain et Maurice Bouvet pendant la deuxième guerre mondiale.

C’est à cette époque qu’il commença une collection de documents iconographiques et d’ouvrages que les familles Lordez et Bonnemain léguèrent à l’Ordre des pharmaciens, créant ainsi la collection Bouvet (plus de 2500 pièces) que chacun peut admirer aujourd’hui. Maurice Bouvet publia également de très nombreux articles : sur 350 mémoires conservés, 300 ont trait à l’histoire de la pharmacie. Il a en particulier publié un ouvrage devenu une référence : « L’histoire de la Pharmacie en France des origines à nos jours ». Il fit également des conférences remarquables telle « Ce que l’humanité doit à la pharmacie française », conférence faite aux Journées Pharmaceutiques de 1959. il fut également largement reconnu à l’étranger, recevant la médaille URDANG, la plus haute distinction internationale en matière d’histoire de la pharmacie. Promu Officier des Palmes académiques en 1963, il reçut la même année la médaille de la ville de Paris. Il était chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire depuis le 21 mars 1941.

Maurice Bouvet est décédé le 27 mai 1964, à Paris.

 Source :

Henri Bonnemain : Communication faite à l’Académie Nationale de Pharmacie en 1994

 

Carte de Combattant de Maurice Bouvet

 

Tags: No tags

Comments are closed.