Emile BOURQUELOT
(21 juin 1851-26 janvier 1921)
Voir aussi la mycologie et les pharmaciens (Georges Dillemann, 1984)
Elie-Emile BOURQUELOT est né à Jandun, dans les Ardennes, le 21 juin 1851. Ses parents, cultivateurs aisés, y vivait de l’exploitation du domaine familial. Il était l’aîné de trois fils. Emile fit ses études au Collège de Charleville. Son oncle, Thomas, était professeur de sciences physiques, chimiques et naturelle à l’Ecole normale d’instituteurs de Charleville et habitait au 2° étage d’une maison dont le rez de chaussée était occupé par l’officine d’Achille Harlay. C’est sans doute ce dernier qui aiguilla Bourquelot vers la pharmacie, de même sans doute que Peltier, pharmacien à Mézières, un parent de Bourquelot.
Ses études furent interrompues par la guerre de 1870 mais en 1871, Bourquelot entra comme stagiaire dans la Pharmacie LORET, à Sedan, dont il gardera un bon souvenir. « Je lui dois encore et surtout, disait-il, l’amour que j’ai conservé de notre profession ». Il est reçu au concours de l’Internat en 1875 et est pharmacien des hôpitaux en 1878. Professeur à l’Ecole supérieure de Pharmacie de Paris, il enseigna différentes matières pour finir par la Pharmacie Galénique. Il fut élu à la Société de Pharmacie de Paris en 1883 et en fut le Président en 1898. Membre de la Commission du Codex, il a largement contribué à la rédaction du Codex 1908.
Sur le plan scientifique, les travaux de E. Bourquelot ont été très variés, en particulier autour de la découverte des ferments solubles (diastases ou enzymes) et leur utilisation comme réactifs de laboratoire. Ses travaux sur la synthèse biochimiques d’hétérosides et d’holosides furent également remarquables, de même que ses déductions sur la réversibilité des réactions qui assurent le maintien des équilibres nécessaires à la vie.
Bourquelot est mort le 26 janvier 1921, à l’âge de 70 ans, emporté brusquement par une pneumonie.
Références :
- Figures pharmaceutiques françaises. Notes historiques et portraits (1803-1963), Masson & Cie, Paris, 1953, 273
- Grands pharmaciens, Paule FOUGERE, Buchet/Chastel ed., Paris, 1956, 336 p.
Complément sur Elie-Emile Bourquelot,
3° titulaire de la Chaire de Pharmacie galénique,
né le 21 juin 1851 à Jandun (Ardennes)
Emile Bourquelot est né à Jandun, petit village des Ardennes, où ses parents, cultivateurs aisés, exploitaient un domaine familial. Il fit ses études secondaires au collège de Charleville, où il avait comme correspondant son oncle Thomas. C’est par lui qu’il fut mis en relation avec Achille Harlay, pharmacien à Charleville et avec Peltier, pharmacien à Mézières, qui sont responsables de sa décision d’entreprendre des études de pharmacie.
Il accomplit ses deux premières années de stage dans la pharmacie Loret à Sedan, et la troisième à la Pharmacie Vincent Laby à Reims. Il prit alors ses inscriptions à l’École supérieure de Pharmacie de Paris, où il fit de très brillantes études, remportant la médaille d’or des Travaux Pratiques de botanique en première année (1875), la médaille d’argent du Concours des travaux de chimie de deuxième année (1876), la médaille d’or, premier prix du Concours de troisième année (1877) ainsi que la médaille d’argent des travaux de physique la même année. Il se fit recevoir pharmacien de première classe, le 6 avril 1882 seulement. A la fin de ses études de pharmacie, il entreprit des études complémentaires de sciences naturelles à la faculté des sciences, obtenant la licence ès-sciences naturelles le 23 novembre 1880 et soutenant sa thèse pour le doctorat ès sciences naturelles le 9 janvier 1885.
Dès sa première année d’étude, il avait été reçu second au concours de l’internat en pharmacie des hôpitaux et, trois ans plus tard, il était nommé pharmacien des hôpitaux. Il allait alors mener parallèlement les carrières hospitalière et universitaire suivant le schéma classique de l’époque : dans les hôpitaux, il occupa le poste de l’Hôpital des Cliniques du 1er décembre 1878 au 31 janvier 1886 ; celui de l’Hôpital des Enfants Malades du 1er février 1886 au 15 avril 1887 ; celui de l’Hôpital Laënnec du 16 avril 1887 au 7 février 1917, mais en réalité jusqu’au 1er août 1919, par suite de la guerre.
En tant qu’universitaire, il débuta comme préparateur aux travaux pratiques de chimie de 1877 à 1881 et fut nommé ensuite, le 1er janvier 1882, préparateur du cours de cryptogamie, poste qu’il conserva jusqu’à sa nomination comme agrégé, tout en assurant en 1887-1888 les fonctions de chef des travaux de micrographie. Il était reçu au concours d’agrégation de pharmacie le 12 juin 1889 et institué agrégé près l’École de Paris pour 10 ans à compter du 1er novembre 1889. Dès la rentrée de 1893, il est amené à suppléer Bourgoin élu député et sera chargé du cours de pharmacie galénique quatre années de suite avant d’être nommé professeur de pharmacie galénique le 25 juillet 1897. Il devait le rester vingt-quatre ans. Son enseignement a été fort remarquable, parce qu’il le maintenait toujours au courant de toutes les nouveauté intéressantes de la thérapeutique (sérothérapie, opothérapie) et aussi parce qu’il ne négligeait aucun aspect industriel de la galénique (fabrication des comprimés, des perles, des capsules…). Peu avant d’atteindre ses soixante-dix ans et l’âge de la retraite, il était emporté en quelques jours par une pneumonie.
Recherches
L’œuvre scientifique de Bourquelot a été exposée dans plus de 300 notes ou mémoires. Ses premières recherches ont été consacrées à la digestion chez les mollusques Céphalopodes, ce qui le conduisit à l’étude des « ferments solubles » hydratants, agents de la digestion. Ainsi, la plupart des travaux de ce maître se sont-ils étendus au domaine de ce que l’on a successivement dénommé : ferments solubles, diastases puis enzymes, ainsi qu’aux principes sur lesquels ils agissent, c’est à dire les substrats. Il a été ainsi amené à découvrir, seul ou avec ses élèves, un certain nombre d’enzymes hydrolysants : trehalase, pectinase, gentiobiase, ou à confirmer la spécificité de divers autres (invertine, inulase, maltase, lactase). Il a ensuite étudié les oxydases et les peroxydases. les plus importantes de ses recherches ont porté sur l’utilisation des enzymes comme réactifs de laboratoire, ce qui lui a permis par des méthodes biochimiques de rechercher le saccharose et les glucosides chez les végétaux et surtout de réaliser des synthèses biochimiques en démontrant par ailleurs l’action réversible des enzymes hydrolysants. La première méthode lui a permis de découvrir de nombreux glucosides nouveaux (aucubine, sambunigrine, rabutine,loroglossine, scabiosine – liste complétée ensuite par ses élèves : prulaurasine, jamisflorine, verbénaline, érytaurine, etc.). En dehors de son intérêt théorique considérable (spécificité et réversibilités des actions enzymatiques), la seconde méthode lui a permis de préparer synthétiquement divers glucosides, galactosides et polysaccharides. Ajoutons ses recherches sur la stabilisation des végétaux, sur les pectines et sur les « albumens cornés » (mannanes, galactanes, galactomannanes).
Sociétés, Académies et distinctions honorifiques.
Quatre fois lauréat de l’Ecole supérieure de pharmacie de Paris, ainsi que nous l’avons déjà indiqué, Emile Bourquelot fut également lauréat de l’Internat (médialle d’argent) et lauréat de l’Institut avec le prix Montagne en 1897 et le prix Jecker en 1912.
Il fut membre de nombreuses sociétés savantes aux quelles il collabora activement. Elu membre résident de la Société de Pharmacie de Paris en 1883, il en fut le secrétaire annuel en 1888, le président en 1898 et le secrétaire général de 1900 à sa mort. Elu membre de la Société de biologie en 1885, il en fut le vice-président en 1898. Il s’inscrivit à la Société de mycologie en 1887, peu après sa fondation, en fut le secrétaire général en 1890-1892, vice-président en 1893-1894 et président en 1894-1896. Il appartint aussi à la Société d’histoire naturelle des Ardennes à partir de 1894 et la présida et 1895-1897. Il fut élu à l’Académie de Médecine le 16 novembre 1897 en remplacement de Bourgoin, et en fut nommé vice-président en 1921, peu de jours avant sa mort. En 1912, il était nommé membre du Conseil d’hygiène publique de la Seine. Le 2 juin 1919, enfin, la section de chimie de l’Académie des Sciences l’élisait en remplacement de Jungfleisch dès sa première candidature.
Il était aussi membre de la Société des pharmaciens allemands et de l’Académie royale de médecine de Belgique.
Il participa à de nombreux congrès pharmaceutiques : Moscou (1897), Bruxelles (1910), La Haye (1913), etc.
Toutes ces marques d’estime et d’admiration de la part de ses maîtres, de ses collègues et de ses élèves ont continué après sa mort : son nom fut donné à un des nouveaux amphithéâtres de la Faculté inaugurés en 1953 et, le 14 octobre 1972, une délégation de l’Académie de Pharmacie, successeur de la Société de Pharmacie de Paris, se rendait à Jaudun pour procéder à la pose d’une plaque commémorative sur la façade de sa maison natale.
Les récompenses officielles lui furent plus ménagées. il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur seulement en 1905 et il décéda dix-sept ans plus tard sans avoir reçu la rosette, ces honneurs allant, souvent, pas tant à ceux qui les méritent qu’à ceux qui les recherchent.
Biographies
J. Bougault et H. Herissey. Notice sur la vie et les travaux d’Emile Bourquelot, 1921, 64 pages.
A. Goris. Emile Bourquelot (1851-1921. Bull. Sc. pharmacol. , 1921, 28 : 305-339.
H. Herissey. Emile Bourquelot in Figures pharmaceutiques françaises : 191-196.
Source : G. Dillemann, Historique des facultés de pharmacie. Produits et problèmes pharmaceutiques, 1970+