Les « berlingoles » de Châtellerault.*(suite)
C’était en l’an 1727 la population Châtelleraudaise se plaignait de ce que Paul Beaupoil et Guillon Pierre, les seuls apothicaires de la ville, vendaient fort cher « drogues et médicaments ». Sur leur refus de recevoir dans leur communauté un troisième confrère les chirurgiens demandèrent au Lieutenant du Roy de faire subir eux-mêmes les chefs-d’oeuvre à un aspirant, attendu « que la ville avait besoin d’un autre apothicaire , habile, soigneux, en qui l’on put se fier pour la confection des médicaments ». Cet aspirant à la maîtrise était François-Xavier Seuilly qui avait été apprenti chez Beaupoil, de la inscrit à l’Université de Montpellier, puis compagnon chez un apothicaire d’Agen et chez un autre dans l’ile de Candie. Il passa ses connaissances et lectures les 18, 25 septembre et 2 octobre devant Joseph Calvin, Alexandre Bobin, et Charles Rasseteau, et son chef-d’oeuvre pour être admis définitivement au corps et communaut des Maîtres Apothicaires le 9 octobre 1728
Or, parmi les 4 chefs-d’oeuvre qu’il avait à présenter pour montrer qu’il « savit cuire e confire » se trouvait « un ouvrage de cire, confiture et sucre ». Par une fatalité du sort, le malheureux Seuilly laissa brûler une de ses préparations. Il tenta d’y remédier et se souvenant que pendant son passage à Candie il avait appris « à berlingoler sucres et confitures, il adjouta en poelons miel, sucres et espritz ». il présenta ainsi ses tabellae aux juges dont la friandise adoucit l’âpreté officielle et qui « attendu que la ville a besoin de secours, donnèrent à lui Seuilly la main d’association et d’amitié pour par lui jouir des privilèges attribués aux aphothicaires ».
Fier de son succès, Seuilly dans son apothicairerie (la vente du sucre étant à l’époque un privilèges des apothicaires) vendit pour beaux deniers les « Berlingoles » dont il gardait jalouement le secret. Après lui, son fils François continua la confection ndes tabellae ou Pastilles Seuilly jusqu’au jour où Paul -Alexandre Gallais ouvrit une boutique de confiser et rendit célèbres les « Berlingoles ».
Plus tard, un nommé Briault eut connaissance de la recette. Il fit des berlingoles à son tour et courut de foire en foire en Guyenne et Gascogne au travers de toute la France. Gallais fit un procès à Briault, qui fut condamner à changer le nom, la forme et le goût. Briault adjoignit au miel, à la mélasse, au sucre, des amandes, et de l’huile volatile de menthe et au lieu de goutelettes solidifiées fit une pâte qu’il coup au ciseau. Briault mourut et ce fut la fin des berlingoles de Chatellerault qu’il avait fait connaitre dans toute la France.
* Notice anonyme communiquée par M. le Dr Gaudichard, Chatellerault. Bulletin de la SHP, juin 1914, p. 152 bis