L’étymologie de ce baume est imprécise : les deux premières syllabes proviennent du grec όπος : suc, préfixe qu’on retrouve dans les mots opopanax, opocalpason, opobalsamum ; mais les deux dernières syllabes restent d’origine étymologique inconnue. Synonymes : liniment ammoniacal camphré, baume Opodeldoch anglais, savon ammoniacal camphré, saponé ammoniacal de Steers. Préparation dont l’origine imprécise est attribuée soit à l’Angleterre, soit à la Hollande.
Appelé emplâtre, baume, onguent, liniment, savon, sa composition et son mode de préparation ont varié selon les auteurs et les différentes pharmacopées. Son orthographe a subi plusieurs variantes jusqu’au lexique de Blancard en 1735 qui a retenu celle qui est encore la nôtre.
Paracelse l’appelait emplâtre, le considérait composé de quatre gommes et résines, et le préconisait dans le traitement de la peste, ainsi que l’Oppodeltoch Meloum (sans doute emplâtre de cantharides) dans le traitement des ulcères et des éruptions phtyriasiques. Il semble que le terme Oppodeldoch représentatit pour Paracelse un emplâtre topique.
Dans sa Pharmacopée Royale, Moyse Charas a décrit l’emplâtre Oppodeldoch sous le nom d’emplâtre de Paracelse dans lequel entraient 17 substances, dont litharge d’or, aristoloche, pierre calaminaire, gommes et résines diverses. Lémery ajoutait à la formule de Charas, le safran de Mars (sesquioxyde de fer anhydre), la mumie et le camphre.
Le Codex medicamentarius de 1758 donne à l’Emplâtre Opodeltoch, 31 composants où l’on trouve, entre autres, cire, térébenthine, colophane, gommes diverses, myrrhe, aloès, sang-dragon, etc.
Le Codex Parisiensis de 1758 semble être le premier à employer le terme de Baume Opodeldoch, en décrivant un médicament qui comprenait 19 substances dont le camphre et le savon. Les Éléments de Pharmacie de Baumé reprennent en 1770 une composition voisine de celle du Codex parisien, et Charles-Louis Cadet de Gassicourt en 1814 consigne dans son Formulaire magistral un mode préparatoire consistant à préparer un savon de chaux et de potasse auquel on ajoutait de l’alcool camphré de l’ammoniaque et quelques huiles volatiles. Toutes les formules aux nombreux composants évoquées ci-dessus ont, peu à peu, été simplifiées, dès le Codex français de 1818. Les éditions de 1837 et de 1866 en avaient réduit la formule à six substances et celle de 1884 diminuait la dose de camphre. Soubeyran, dans son Traité de Pharmacie et Dorvault dans son Officine reproduisaient les formules du Codex. Ce baume ne figurait plus dans les éditions de 1937 et 1949. Des anciennes aux plus récentes, le nombre de composants est passé de plus de trente à quelquefois trois, avec des modes opératoires différents.
Le baume Opodeldoch liquide ne contient que savon blanc, camphre, alcool à 86° et eau. A Strasbourg, une formule de baume Opodeldoch liquide porte le nom d’esprit nervin.
Auteur : Elie Bzoura. Dictionnaire d’Histoire de la Pharmacie, des origines à la fin du XIX° siècle, Olivier Lafont (sous la direction de), 2° édition, Pharmathèmes, 2007