Joseph-Félix-Antoine BALLAND (1845-1927)
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Issu d’une famille lorraine, originaire d’Epinal et venue dans la Bresse vers 1710 pour fabriquer du merrain (bois de chêne, de châtaignier… que l’on fend en lattes et dont on fait des panneaux, des couvertures…), Joseph-Félix-Antoine Balland est né le 16 janvier 1845, à Saint-Julien-sur-Reyssouze, petite localité de l’arrondissement de Bourg, département de l’Ain. Dès qu’il fut en âge de fréquenter l’école, ses parents le confient à l’instituteur communal. Ses études primaires terminées, une autre vie commence pour Antoine Balland qui doit quitte la maison familiale. En 1858, Balland entre au Lycée de Bourg-en-Bresse. Il a pour correspondant un cousin germain de son père, le pharmacien Tiersot qui, sans enfant, désirait lui céder son officine. Tiersot le suit avec assiduité et lui prodigue les conseils et les encouragements si utiles à l’étudiant : Balland fait dans ce collège d’excellentes et solides études que couronne en 1864 le diplôme de bachelier es-sciences. Dès que le jeune étudiant est reçu bachelier, Tiersot le conduit à la Justice de Paix pour y faire établir un certificat de stage d’élève en pharmacie et Balland entre en fonction chez lui. C’est là qu’il fit la connaissance de Morellet, colonel de Génie en retraite, dont l’influence décida de son avenir. Le 24 avril 1864 parut un décret réorganisant l’Ecole Impériale du Service de Santé militaire de Strasbourg et annonçant un concours pour l’emploi d’élèves pharmaciens à cette école. Le Colonel Morellet encouragea Balland à se présenter au concours et ce dernier fut admis. Il rejoignit l’Ecole de Strasbourg dans les premiers jours de novembre 1865. Trois ans plus tard, Balland reçoit le diplôme de pharmacien de 1° classe (25 août 1868) et est dirigé sur l’Ecole d’Application du Val de grâce pour parfaire son éducation militaire. Comme les autres stagiaires, Balland va suivre les cours du Val-de-Grâce, mais aussi les cours de Duchartres (botaniste) et Milne-Edwards (naturaliste) à la faculté des Sciences. En décembre 1869, Balland est nommé aide-major de deuxième classe et choisi l’hôpital militaire de Lyon. Peu après, c’est la guerre de 1870 et Balland est affecté à l’ambulance du quartier général du 2° Corps, avec ordre de partir pour Saint-Avold, sous les ordres de son compatriote Marmy, Médecin-Chef du Corps. Ce dernier l’affecte à l’ambulance de la 2° division de cavalerie, campée à Merlebach, sur la frontière. Il participe à différents combats (Forbach, Gravelotte, Saint-Privat où il est fait prisonnier avec son ambulance. Libéré après Sedan, il est affecté au Val-de-Grâce et va y subir le siège de la ville puis la Commune. En 1871, il finit par rejoindre son affectation initiale de Lyon. Il y reste deux ans et demi et y reçoit le grade d’aide-major de 1° classe et a pour chef Roussin dont il devient l’ami et plus tard le fidèle biographe. Affecté en Algérie en 1874 comme pharmacien-major de 2° classe, Balland va occuper plusieurs postes à Alger, Orléansville, et Médéah et publie à partir des observations et ressources locales, suivant l’exemple de Million. Après six ans passés en Algérie, Balland rejoint la métropole où, de 1881 à 1882, il occupe les fonctions de pharmacien-adjoint à la Légion de la Garde Républicaine à Paris. Il publie alors un deuxième article historique sur la Pharmacie militaire. En 1882, il est promu pharmacien-major de 1° classe et affecté à l’hôpital militaire de Cambrai, puis à Amiens, pour la Pharmacie régionale du 11° Corps d’armée dont il assure l’organisation jusqu’en 1889, date à laquelle il revient à Paris pour l’Exposition Universelle. Il est alors affecté à la Pharmacie de l’Hôtel National des Invalides. En 1894, il est désigné pour le poste de Chef de service du Laboratoire d’expertises de l’Administration de la Guerre que le service de l’Intendance l’avait chargé d’installer aux Invalides. Pendant près de vingt ans, Balland analyse les produits les plus divers destinés à l’alimentation et à l’hygiène du soldat. Les blés, les farines, le pain, les denrées de toutes sortes, métropolitaines et coloniales, il en détermine la composition et en déduit des résultats extrêmement importants au point de vue de l’hygiène alimentaire. Membre de nombreuses commissions ministérielles, il fait adopter différentes mesures pour assurer la conservation des approvisionnements de guerre et fournit à l’Administration de la Guerre des rapports multiples et variés. Nous devons aussi à Balland un grand nombre d’études analytiques sur les principales denrées alimentaires de l’homme (viandes, poissons, mollusques, légumes…) et des animaux domestiques (avoine, maïs, paille…). Il a également étudié l’aluminium et l’Académie des Sciences a rappelé à son décès que l’aluminium n’a vraiment prospéré en France qu’à partir du jour où Balland eut signalé les qualités de ce métal. Par toutes ces études, la plus importante est sans doute l’ensemble de ses travaux sur les blés, les farine et le pain parue en 1894 et que l’Académie des Sciences couronna du prix Montyon. L’attribution d’une médaille d’or par la Société Nationale d’Agriculture en souligna toute l’importance. Il a par ailleurs poursuivi ses travaux et publications sur l’histoire de la pharmacie militaire et les pharmaciens et chimistes des armées (Parmentier, Millon, Dize, Roussin…) . Membre correspondant de la Société de Pharmacie de Paris dès 1877, Balland est élu, en 1889, membre correspondant de l’Académie de Médecine dont il sera associé national en 1910. En 1912, l’Académie des Sciences lui ouvre ses portes en qualité de membre correspondant et, en 1919, il est élu membre de l’Académie d’Agriculture. Il est l’un des membres fondateurs de la Société d’Histoire de la Pharmacie. Il fut rappelé en 1914-1918 à la tête du laboratoire d’expertises des Invalides. Balland est décédé le 6 janvier 1927 à Paris, rue de Verneuil, âgé de 82 ans. Célibataire, la famille Balland s’éteint avec Antoine et son frère Félix, veuf et sans enfant. Il léguait ses biens à sa commune natale de Saint-Julien-sur-Reyssouze. |
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Source : Edmond BLAESSINGER. Quelques grandes figures de la Pharmacie militaire, Paris, Baillière et fils ed., 1947 |