Antoine-François Boutron (1796-1879)
Antoine-François Boutron, est né à Paris le 12 frimaire an V (2 décembre 1796) et reçu pharmacien de première classe le 18 janvier 1820, avait hérité de la pharmacie de son beau- père, Pierre-Martin CHARLARD, neveu et successeur de Louis- Martin Charlard.
Boutron-Charlard était un pharmacien des plus distingués, à l’esprit à la fois scientifique et littéraire. Membre de l’Académie de médecine, du Conseil municipal de Paris, du Conseil d’hygiène et de salubrité du département de la Seine, etc. , il mourut, comblé d’honneurs, le 3 novembre 1879. Dans son éloge prononcé devant l ‘Académie de médecine, Gustave Planchon a mentionné ses relations avec Casimir Delavigne de la façon suivante :
« Boutron aimait les œuvres d’art, les beaux tableaux, les beaux livres ; il recherchait les autographes et en avait une collection des plus riches et des plus précieuses ; il aimait surtout le commerce des bons auteurs, de ces esprits sublimes ou délicats qui ont charmé l’humanité, en l’élevant au-dessus de toutes les choses basses, vulgaires ou cruelles de ce monde : de là son amitié intime avec des littérateurs et des poètes, et particulièrement avec Casimir Delavigne, qui soumettait ses produits littéraires à son goût délicat. Il ne dédaignait pas les recherches plus raffinées de l’érudition et le collaborateur des Robiquet, des Frémy et des Pelouze se surprenait à publier, en collaboration avec un littérateur, un ouvrage avec notés sur Mademoiselle de Scudéry ».
Le sirop de Charlard, chanté par Casimir Delavigne, ne figure ni dans les formulaires, ni dans les traités de pharmacie. Voici sa formule obtenu auprès de la famille Charlard :
SIROP PECTORAL DE CHARLARD
Sirop de Tolu. 500 grammes.
Sirop de sucre 1250 —
Sirop de gomme.. . 1250 —
Eau de laurier-cerise 30 —
Chlorhydrate de morphine. . . . 0,60 centigrammes.
Extrait de belladone 0,60 —
Extrait de jusquiame. ……. 0,60 —
Alcool de Montpellier. ….. 30 grammes.
Solution de carmin pour sirop. 5 —
Si cette formule date réellement de 1824, Boutron fut un innovateur osé, car à cette date le chlorhydrate de morphine, qui s’appelait hydrochlorate de morphine, était à peu près inusité. En 1823, le Dr V. Bally, membre de l’Académie de médecine et médecin de l’hôpital de la Pitié, « étudiait dans son service, sur les adultes malades, les effets de l’acétate de morphine », à l’exclusion des autres sels de cet alcaloïde, et l’illustre Magendie écrivait, en 1825 :
« Il y a aujourd’huy près de cinq ans que j’ai employé pour la première fois l’acétate, le sulfate et l’hydrochlorate de morphine comme médicaments. J’ai reconnu que ces sels jouissent de tous les avantages que l’on désire trouver dans l’opium, sans en avoir les inconvénients. Mes premiers essais m’ayant montré l’hydrochlorate comme moins avantageux que l’acétate et le sulfate, je n’ai pas continué mes recherches sur ce sel; peut-être serait-il bon de les reprendre ».
Enfin Mérat et De Lens disent, en 1832, que l’hydrochlorate de morphine a a été peu employé en médecine, quoique probablement analogue au sulfate, et ne se trouve même « dans presque aucune pharmacie » .
(Source : Dorveaux Paul. Le sirop pectoral de Charlard chanté par Casimir Delavigne. In: Bulletin de la Société d’histoire de la pharmacie, 9ᵉ année, n°29, 1921. pp. 281-285.)
En complément, Boutron, en collaboration avec F. Boudet, institua en 1855 la méthode de l’hydrotimétrie, tandis qu’avec Bussy, il écrivit un Traité des Falsifications des Drogues.