J.-B. Alphonse Chevallier (1793-1879)
Ce pharmacien, professeur à l’École de Pharmacie, est né à Langres le 19 juillet 1793 et mort à Paris le 29 novembre 1879. Apprenti chez Boullay, il fut surtout l’assistant de Vauquelin au Muséum d’Histoire naturelle. Simple garçon de laboratoire à 14 ans, il fut attaché, à 17 ans, à Vauquelin comme aide de chimie.
En 1812, il quitta le Muséum pour participer aux guerres de l’Empire comme simple soldat. Blessé à Leipzig, il fut réformé et attaché au service pharmaceutique des hôpitaux de Paris. Reçu à l’Internat la première année du concours en 1815, il a presque constamment présidé le banquet annuel des internes.
Reçu pharmacien en 1822, il s’établit comme pharmacien d’officine place du Pont-Saint-Michel jusqu’en 1835. Il fut élu à l’Académie de Médecine en 1824, dans sa 31ème année, deux ans seulement après avoir été reçu pharmacien. Professeur à l’Ecole de pharmacie en 1835, il organisa à ses frais un laboratoire de recherche et d’analyses. Il y fit de nombreuses recherches sur les maladies professionnelles : celles des imprimeurs (1835), celles causées par le plomb (1836), celles des ouvriers travaillant dans les fabriques de poudres fulminantes (1836), celles des ouvriers des papiers peints qui utilisent le vert d’arsenic (1846), celles des ouvriers du cuivre (1847).
Il participa activement à la commission (issue du Conseil d’hygiène) créée par Delaveau, chargée de diriger les travaux pour dégager l’égout Amelot à Paris. Installé sous une tente, il soignait les débuts d’asphyxie des ouvriers du chantier, les vomissements et maux de tête. Il trouva la formule d’un collyre pour les ophtalmies. Alphonse Chevallier a fait partie du Conseil d’hygiène et de salubrité du département de la Seine pendant près d’un demi-siècle. Il a donc rédigé à ce titre un très grand nombre de rapports relatifs à l’hygiène, à la toxicologie et à l’exercice de la profession pharmaceutique. Il faut aussi noter qu’il a isolé en 1826, avec Gabriel Pelletan, la berberine (qu’il nomme alors Xanthopicrite), à partir du Zanthoxylum des Caraïbes.
Mais la plupart de ses contemporains considéraient que son œuvre maîtresse était la publication de son Dictionnaire des falsifications. Cet ouvrage en plusieurs volumes (1850-1852) a été réédité de nombreuses fois, la 5ème édition de 1878 étant la dernière publiée avant la mort de Chevallier. Les auteurs indiquent dans la préface que ce Dictionnaire était destiné aux pharmaciens pour qu’ils refusent les produits de mauvaise qualité, mais aussi aux fournisseurs de matières premières et d’aliments, ainsi qu’à l’administration.
Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1833, il a été promu au grade d’officier en 1856.
Il faut aussi noter qu’Alphonse Chevallier avait un fils, Alphonse également, né en 1828 et mort avant son père en 1875. Ce fils chimiste suivit les traces de son père dans le domaine de l’hygiène et de la Santé Publique. Dès 1850 (à 22 ans), il publia dans le Journal de son père une étude sur la présence de cuivre dans les cheveux des ouvriers qui travaillaient au polissage des poignées de sabre. A partir de 1852, Chevallier fils devient le préparateur du laboratoire de son père. Il sera également l’un des fondateurs de la Société de médecine légale.
B. Bonnemain, 2019