illus014

Histoire des Etablissements GOY

 

 Etablissements GOY

 

Publicité pour les Pastilles MBC. 10 novembre 1949

 

Publicité GOY pour le Carrugan (Carte postale)

Dans un article de 1953, Maurice BOUVET résume bien la place des laboratoires GOY dans l’évolution de l’industrie pharmaceutique : après les pionniers du début du 19° siècle (Nachet, Vauquelin, Robiquet, Vallée, Pelletier et Caventou), de nombreuses usines se créent pour la fabrication des médicaments : Darrasse (Vincennes, 1860), Solvay (1863), Lambiotte (Prémery, 1886), Usines du Rhône (1895)… pour n’en citer que quelques-uns uns. A la fin du 19° siècle, de nombreux produits ne peuvent plus être fabriqués par le pharmacien d’officine et Maurice Bouvet explique ainsi la création de « nombreuses  drogueries  : la Pharmacie Centrale de Paris (1852), Goy(1878), La Cooper (1907) » et indique que le personnel a triplé dans l’industrie pharmaceutique entre 1896 et 1906.

Les documents originaux indiquent que c’est le 19 février 1895 que Bouniol et Rozet vendent à Adolphe GOY et Alfred Jaeger leur fond de commerce qui est « une usine  de fabrication de produits pharmaceutiques conditionnés au nom du pharmacien et avec la marque de la dite usine, connue sous le nom d’Usine française avec marque déposée en 1884, ainsi que la fabrication des pastilles, dragées, pilules, granules et produits analogues ». Un document bancaire de 1905 indique que Adolphe GOY a été autrefois établi pharmacien en Seine et Oise, puis 4, faubourg Poissonnière, à Paris, où il a succédé à M. BECK, son oncle, en janvier 1893, et a vendu ce fonds de commerce en juin 1897. Adolphe GOY a constitué le 31 Mars 1895 la société en nom collectif GOY & Cie pour une durée de 15 ans, avec Monsieur Alfred Otto Jaeger, Pharmacien à Mulhouse, pour la somme de 80000 F et avec l’aval de Mme Marie BECK, l’épouse de A. Goy. Jaeger se retire de l’affaire en décembre 1901.

Publicité pour la Poudre du Marcheur GOY

La société est dissoute et immédiatement reprise par GOY et en devient le seul propriétaire jusqu’en 1905. En cinq ans, la valeur du fonds de commerce a triplé et les stocks ont doublé.

Mais ce n’est qu’en 1905 que se crée la « Société des Etablissements GOY ». Les documents bancaires de l’époque indiquent que la situation financière de Goy était alarmante. La banque précise que « Mr GOY a voulu trop se lancer et a dépassé dans son commerce la mesure de ses moyens, ce qui le met dans l’obligation de transformer la société en Société anonyme ». Le rapport ajoute : « Mr Goy dont la moralité n’est pas à discuter, est parvenu à payer jusqu’ici mais il a épuisé toutes les ressources dont il pouvait disposer. ». Le 4 juillet 1905, la société anonyme « Etablissements GOY » est constituée. En 1907, la société achète à Bagnolet (« hors des barrières de Paris ») une nouvelle usine pour 28000 francs. Maurice Bouvet rejoint GOY en 1911 comme directeur de cette usine, dans des conditions difficiles (voir encadré). La firme GOY fabriquait essentiellement des capsules mais la disparition d’Adolphe GOY amena une nouvelle direction avec Gabriel BEYTOUT. « Au début du siècle, GOY exportait beaucoup en particulier en Russie et en Amérique du Sud. En arrivant en 1911, Maurice Bouvet fit bénéficier l’entreprise de ses connaissances étendues en matière de comprimés, dragés, cachets, granulés ».

Prospectus GOY. Atelier de fabrication.

De nombreuses spécialités y sont effet développées. En 1918, Maurice Bouvet est nommé Administrateur délégué jusqu’au 13 décembre 1940 où il est nommé Président du Conseil-Directeur Général, fonction qu’il conservera jusqu’à sa mort en 1964. En 1938, Henri Bonnemain est nommé comme sous-directeur, en remplacement de Mr Ledoux. Il deviendra à son tour Président du Conseil en 1964 jusqu’à la fin de la Société des Etablissements GOY. En 1966, en vue d’un rapprochement entre le laboratoire MUSTELA et les Etablissements GOY, Henri Bonnemain cède des actions Goy à M. Berthomet, directeur de Mustela. Ce dernier revendit ses actions Goy à Pierre BEYTOUT qui devint alors l’actionnaire majoritaire des Etablissements GOY. Le laboratoire Goy s’installe alors avec le Laboratoire BEYTOUT à St Mandé en février 1966.

Les Etablissements GOY auront donc fait partie du paysage pharmaceutique français  pendant plus de 60 ans, et auront été plus de 50 ans sous la houlette de Maurice Bouvet. C’est sans aucun doute les pastilles M.B.C. qui ont fait la gloire et le succès de ce laboratoire.

Bruno et Henri Bonnemain

.

.

Façade des Établissements Goy, rue Beautreillis à Paris, vers 1950

.

.

.

GOY. Atelier de fabrication vers 1950

Nous avons retrouvé dans les archives de Goy un texte anonyme, sans doute dans années 1950, qui donne quelques détails supplémentaires sur Goy et sa fabrication, intitulé « M.B.C. », avec des illustrations :

 

 » Les Établissements Goy ont été fondés en 1878, dans une pièce de l’ancien hôtel de Perthuis, dépendant d’un groupe d’immeuble au 23 rue Beautreillis.

La maison a eu plusieurs propriétaires successifs : Voncent, Souligoux, Schultz, Rozet, Goy à partir de 1895, enfin la société des Etablissements Goy le 4 juillet 1905. Elle occupe maintenant les 3 immeubles du 23 rue Beautreillis, et à Bagnolet, une usine reconstruite après l’incendie de 1921, agrandie en 1944, et qui a remplacé la première usine installée rue Castex.

GOY. Laboratoire de contrôle, rue Beautreillis, vers 1950

L’ensemble représente environ 2000 mètres carrés.

Les premières fabrications ont portés sur les capsules de Gluten, spécialité de Matheys-Caylus, père de Mathey, puis très rapidement sur toutes les fabrications de tablettes, et enfin surtout les produits galéniques : capsules, pilules, émulsions, granules.

Depuis 1911, des essais systématiques, publiés d’ailleurs en partie dans les journaux professionnels, ont permis la mise au point de très nombreuses formules de comprimés qui, dans de nombreux cas, ont remplacé la forme tablettes.

GOY. Atelier de pastillage, rue Beautreillis, Paris, vers 1950

.

.

Cependant, les Etablissements Goy se sont de plus en plus spécialisés dans la fabrication de ces tablettes; ils fabriquent plus particulièrement actuellement 3 grosses formules : le Digestif Goy, les Pastilles Vocis et les Pastilles M.B.C. Ces trois fabrications emploient le même matériel, nous décrirons uniquement la fabrication des Pastilles M.B.C.

1° – Essai des principes actifs – L’essai des principes actifs contenus dans la formule ci-dessous :

Hydrochlorhydrate de cocaïne………………………………………………………………..0.004

Chlorhydrate d’amyléine…………………………………………………………………………0.02

Chlorhydrate de paraminobenzoyldiéthylaminoéthanol ……………………………..0.04

Menthol……………………………………………………………………………………………….0.50

Borate de soude …………………………………………………………………………………….2.

Chlorate de potasse………………………………………………………………………………..6.

pour 100 grammes,

GOY. Atelier de Tamisage vers 1950

est pratiqué par notre laboratoire d’analyses, complètement réinstallé à notre siège social, pourvu d’un matériel perfectionné.

Nous employons pour la fabrication de la pâte, de la gomme adragante spécialement sélectionnée, et du menthol naturel (autrefois du menthol du Japon, aujourd’hui du menthol Brésil). 

2° – La fabrication de la pâte – Le mélange des différents constituants, et la fabrication de cette pâte, est réalisé dans de gros mélangeurs de cuivre, dont l’un de fabrication toute récente, avec roulement à billes permettant de réaliser un mélange parfait.

3°- Fabrication des tablettes – Elle est assurée par deux machines moderne POURE, comportant chacune 30 timbres en acier inoxydable.

4° – Dessication – Elle est assurée dans une grande étuve chauffée à 35 ou 40°, les tablettes sont disposées sur des chariots comportant des claies en papier spécial dit « peau d’âne » : le tout permet une dessication lente. Des essais sont d’ailleurs en cours pour la dessication par rayons ultra-violets.

GOY. Atelier de conditionnement vers 1950

Une installation moderne de douches est à la disposition du personnel.

5° – Tamisage – La suppression de la fécule qui recouvre les tablettes, et des différents débris, est assurée par un tamisage sur un crible spécial, fabrication Pouré.

6° – Conditionnement _

      a) Fabrication des paquets – Le problème de la mise automatique en paquets de 12, est particulièrement difficile, car les pastilles sont minces, et par suite fragiles. Après des essais qui ont duré 13 ans, nous avons adopté définitivement l’emballage en aluminium épais, avec impression de la marque M.B.C. en rouge sur le paquet ; ce conditionnement assure une conservation prolongée (perte de menthol extrêmement faible, protection parfaite contre l’humidité).

GOY. Atelier de cellophanage, vers 1950

Cette mise en paquets est réalisée par l’empaqueteuse automatique de la Société Industrielle Suisse de Neuhausen, adaptée à nos besoins par la maison et nos ateliers personnels. Cette machine donne 60 paquets à la minute, elle exige malheureusement une fabrication impeccable de tablettes bien planes et d’épaisseur uniforme.

      b) Fabrication des boites et prospectus – Elle est assurée par notre imprimerie, installée au rez-de-chaussée du 23 rue Beautreillis, qui nous permet toute réalisation typographique et lithographique. Les boites, imprimées à plat, sont agrafées par 3 machines, dont l’une représente le dernier modèle de la maison Compte et Dupriet à Ivry ; le rendement est de 500 à l’heure. Les prospectus sont tirés sur la machine lithotype (16 à la fois), et pliés sur une machine automatique Cundall.

GOY. Service de la publicité. vers 1950

   c) Remplissage des boites – Les boites sont remplies provisoirement à la main (5 paquets de 12) ; nous n’avons pu trouver jusqu’à présent, de matériel permettant de réaliser cette opération qui ne représente plus d’ailleurs d’inconvénient puisque les paquets sont enveloppés, et que dans toutes les opétations préliminaires, nos pastilles ne sont touchées par personne.

    d) Cellophanage – Nous n’avons pas encore repris, pour des raisons économiques, ce cellophanage des boites qui était assuré avant guerre par une machine ACMA (environ 3000 à l’heure maximum). 

GOY. Bibliothèque

7° – Publicité – Les tableaux pour la publicité sont réalisés également dans nos ateliers sur notre machine lithotype. Les Établissements Goy ont un effectif de 134 personnes réparties dans les deux usines de Paris et de Bagnolet. Un Comité d’Entreprise fonctionne régulièrement et s’occupe très activement des œuvres sociales de la maison ; il est d’ailleurs, aidé, dans sa tâche, par l’Action Sociale Pharmaceutique à laquelle les Établissements Goy adhèrent. Les Établissements Goy ont leur service médical particulier.

GOY. Imprimerie vers 1950

Une des activités sociales qui semble donner le plus de satisfaction au personnel, est la bibliothèque, qui est d’une importance rare étant donné l’effectif de cette usine? Près de 1500 volumes sont à la disposition du personnel, dont la plupart sont reliés, et il s’agit d’une bibliothèque peu banale où se trouvent de très beaux ouvrages dont le personnel prend grand soin. Les échanges de livres se font tous les quinze jours régulièrement et il y a toujours beaucoup de demandes.

C’est le personnel lui-même qui gère la bibliothèque, une commission du Comité d’Entreprise est chargée des achats.

Signalons que les Établissements Goy ont une Caisse d’Entr’aide, et que leur Mutuelle est rattachée à la Fédération Mutualiste de la Seine.

Henri Bonnemain et Maurice Bouvet chez Goy en 1960

La Caisse d’Entr’aide s’attache tout particulièrement à aider les anciens employés et ouvriers de la Maison qui, chaque année, se voient attribuer une certaine somme d’argent, mais les jeunes ne sont pas oubliés non plus, puisque le Comité d’Entreprise a pris l’initiative, les jeunes filles étant nombreuses dans la Maison, d’organiser des cours d’art ménager : coupe, couture, cuisine, etc., auxquels peuvent assister également les filles des membres du personnel.

 

Au point de vue hygiène et sécurité, les Établissements Goy ont un Comité particulièrement soucieux de donner au personnel les conditions de travail les plus favorables. Tant à l’usine de Paris qu’à Bagnolet, nous avons vu de très belles cabines de douches, aménagées de façon moderne, et qui sont dans le voisinage même des ateliers pour permettre au personnel de perdre le moins de temps possible.

Des locaux agréables, spacieux, parfaitement bien entretenus, très clairs, avec beaucoup de fleurs que le personnel prend soin de renouveler lui-même, donnent aux Établissements Goy, figurant parmi les plus anciens Établissements pharmaceutiques, une note moderne qui correspond d’ailleurs à l’esprit de la Maison qui, depuis plusieurs années, fait de très gros efforts pour être dans sa branche d’activité, non seulement au goût du jour, mais à l’avant du progrès. »

Bureau de Maurice Bouvet chez GOY, vers 1950

 

Série de Buvards des Etablissements GOY réalisés pour Pelletier Caventou, Parmentier, Bourquelot, Limousin, Jouvet, Labarraque, et Berthelot :

Série de Buvard GOY. Grands Pharmaciens 1953
Série de Buvard GOY. Grands Pharmaciens 1953

 

 

 

 

 

 

 

 

Série de Buvard GOY. Grands Pharmaciens 1953
Série de Buvard GOY. Grands Pharmaciens 1953

 

 

 

 

 

 

 

 

Série de Buvard GOY. Grands Pharmaciens 1953
Série de Buvard GOY. Grands Pharmaciens 1953

 

 

 

 

 

 

 

 

Série de Buvard GOY. Grands Pharmaciens 1953

 

 

Bibliographie

1)      L’évolution dans la fabrication des substances médicamenteuses : de l’Artisanat à l’Usine. Conférence faite à la faculté de Pharmacie de Paris à l’occasion des Journées Pharmaceutiques françaises en 1952. France Pharmacie, 1953, 6, 4

2)      Cession d’établissement par Mrs Bouniol et Rozet à Mrs Goy et Jaeger. Document manuscrit original daté du 31 Mars 1895

3)      Jean Suliac. Visites aux laboratoires. Le Laboratoire des pastilles M.B.C. « Etablissements GOY ». 1950, France Pharmacie « , 9, (Supplément)

4)      Henri Bonnemain, Intervention sur Maurice Bouvet, faite à l’Académie Nationale de Pharmacie le 12 janvier 1994, Salle des Actes, Faculté des Sciences Pharmaceutiques et biologiques de l’Université René Descartes à Paris.

5)      Alexandre BLONDEAU . Histoire des laboratoires Pharmaceutiques en France et de leurs médicaments. Le Cherche Midi Editeur, Paris, 1992 (3 volumes)

6)      Rober Labeÿ. Le Marais, quartier parisien riche en souvenirs historiques pharmaceutiques. RHP, 1989, n°283 : 355-372

 

 

Tags: No tags

Comments are closed.