FEVRIER DECOISY CHAMPION (FDC)(Source : André Frogerais 2015)
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En 1920, René Février est pharmacien avenue de la République à Paris, il cède son officine à Léon Decoisy qui était précédemment établi à Oisememont (Somme), six mois après ce dernier vend à son tour la pharmacie pour s’associer avec son prédécesseur. En 1921, Ils reprennent un petit fabriquant de granulés la maison Cailleux, située 26 rue de Sévigné à Paris, en plein coeur du Marais.
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Léon Decoisy et René Fevrier
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Jules Champion
L’année suivante Jules Champion, pharmacien avenue de la Tour Maubourg à Paris et cousin de Léon Decoisy entre dans l’entreprise qui prend son nom définitif : les Etablissements Février Decoisy Champion (FDC).L’entreprise se développe rapidement et loue un atelier rue de Jarrente ; en 1924. Ils achètent le laboratoire Narkévitz 37 rue de la Plaine et louent en 1930 une usine 10 rue du Parc Royal, puis en 1932 ils s’installent rue Ferdinand Duval et rue des Francs Bourgeois.
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Atelier de fabrication des comprimés, rue du Parc Royal, 1934
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En 1938, le besoin de regrouper toutes les activités les conduit à emménager dans une usine neuve, 60 rue de Wattignies à Paris dans le 12° arrondissement, la superficie des ateliers est de 12 500 m2.
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Usine FDC, 60 rue de Wattignies, Paris |
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René Février est le Président Directeur Général, il s’occupe du service commercial, Léon Decoisy prend en charge les achats et Jules Champion la production.Léon Decoisy qui est un excellent galéniste développe la fabrication de granulés (les saccharures) FDC en devient le premier fabricant français.
A cette époque les saccharures sont fabriqués à l’aide de machines à granuler à vis dont le rendement horaire ne dépasse pas 20kg, il charge le constructeur Edmond Frogerais de construire une machine plus performante ; celui-ci met au point une machine avec des pâles rotatives qui forcent la masse à travers une grille perforée, le rendement est supérieure à 100 kilos à l’heure (brevet FR 571 843- 1923).
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Machine à granuler FROGERAIS type MGGM |
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Ils vont créer juste avant la Seconde Guerre mondiale, le premier laboratoire de production marocain à Casablanca : Lafrabiol. A la Libération l’activité repart et l’entreprise manque d’espace, en novembre 1946 le toit qui était en bois est détruit par un incendie, ce qui permet lors de la reconstruction d’ajouter deux étages à l’usine, qui devient la première usine pharmaceutique française. FDC est le leader pour la production de comprimés, dragées, saccharures et capsules.
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Atelier de compression et de dragéification vers 1940 |
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Ils possèdent plus de 100 machines à comprimer et 120 turbines de dragéification, ils utilisent pour la production de granulés un mélangeur de 2 tonnes.
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Atelier de compression (1961) à gauche des presses Prescoater Kilian |
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Atelier de dragéification (1961) |
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Très novateurs, ils fabriquent des comprimés à double noyaux à l’aide de 12 presses Kilian Prescoater ainsi que des comprimés à double couche ; pour la production des capsules, ils utilisent trois techniques : la fabrication traditionnelle par pressage à froid, la production en continu par scellage de la gélatine dans des rouleaux et par un procédé dit à la goutte (Licence Globex). Ils déposent la marque Perlule.A côté de la production des cachets et des sachets, ils démarrent en France en 1958 la fabrication de gélules, ils demandent à leur fournisseur Henri Wierzbinski d’étudier une machine automatique qui sera construite en deux exemplaires.
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Géluleuse Wierzbinski HW74 Ensacheuses Wierzbinski modèle Colibri |
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Ils fabriquent également des ampoules injectables dans un bloc stérile, des suppositoires, des pommades, des sirops, ainsi qu’une nouvelle forme pharmaceutique : les aérosols. Jules Champion disparaît en 1954. L’entreprise va être ébranlée par la catastrophe du Stalinon, FDC respectait les normes de l’époque mais les médias les mettent violement en cause. Le journaliste Frédéric Potcher à la télévision dénonce les conditions vétustes de la fabrication. Cette affirmation était fausse, la production était réalisée avec des machines semi automatiques récentes. Léon Decoisy et le directeur commercial Henri Genet sont poursuivis, Léon Decoisy décède en 1956 et l’action publique s’éteint en ce qui le concerne, quelques mois plus tard le dernier fondateur René Février décède à son tour.En 1960 l’entreprise est à son apogée, ils absorbent les entreprises Bonnet, Quirin- Grandval et Jourdan spécialisées dans la fabrication d’extraits galéniques, de teintures et dans le négoce de l’herboristerie en gros et en détail. Elles apportent trois nouveaux établissements à Pantin, 4 rue Lakanal (Seine Saint Denis), Créteil, 5 rue des Ecoles (Val de Marne), et Châteauneuf sur Charente (Charente). La superficie totale du groupe est de 40.000 m2. Michel Jouenne est Président Directeur Général et Henri Génot, Directeur Général. L’entreprise augmente le volume des unités de production, ils utilisent un mélangeur de poudre de 1.800 kg, et peuvent fabriquer des lots de 500.000 ampoules. Toujours au fait des derniers développements galéniques, FDC créait en 1964 une filiale pour la lyophilisation (Lyophal) et dans les années 1970 développe la production de micro granules retard. Conscient de l’évolution du marché FDC va engager une diversification de ses activités, ils vont acquérir des spécialités, option que les fondateurs avaient toujours rejetée, ne voulant pas concurrencer leurs clients. Ils vont prendre le contrôle de plusieurs petits laboratoires. En 1962 ils achètent les laboratoires Dubois-Vincent à Asnières et Guy Hue à Bourg la Reine (Hauts de Seine) qu’ils rebaptisent Laboratoires Diéthera, puis en 1964 les laboratoires Millot et en 1965 les laboratoires Corbiére. En 1968, le groupe devient un holding avec deux entités :- Les laboratoires Millot regroupe toutes les activités de vente de spécialités, le siège est à Amiens (Somme)- Réalisations industrielles pharmaceutiques Février Decoisy Champion intègrent les activités de façonnage et disposent d’usines à Paris, Pantin (Seine Saint Denis), Créteil (Val de Marne) et Châteauneuf -sur-Charente (Charente). Le chiffre d’affaires du groupe s’élève à 125 000 000 de francs. L’entreprise est rachetée en 1969 par le groupe toulousain Castaigne qui les absorbe l’année suivante, Castaigne est à son tour repris par Sanofi en 1974. En 1976, l’usine de Paris emploie 650 personnes, et celle de Pantin 150, elles sont fermées. La fabrication des formes sèches est transférée à Ambarés (Gironde) dans le site des laboratoires Labaz qui prend le nom de Centre Pharmaceutique Européen et celle des micro granules à Massy (Essonne) dans l’ancienne usine Clin Comar. En 1986 l’usine de Chateauneuf est cédée à des investisseurs. Progressivement Sanofi mettra fin aux activités de façonnage, l’Innophyline spécialité à base de Théophylline est toujours commercialisé (1,2,3,4). |
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1- Jean Lucas, Visite aux Etablissements Février Decoisy Champion, France Pharmacie, 1951, 51- 5 2- Anonyme, Ets Février Decoisy Champion, Produits Pharmaceutiques, Vol 7, N°6, Juin 1952, 384-385 3- Anonyme, Les Etablissements Février Decoisy Champion, France Pharmacie, 1964, 401-406 4- Anonyme, Février Decoisy Champion, Catalogue général de l’Industrie Pharmaceutique, 1965, 365-368 |