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Histoire de l’AIHP

 

George Urdang

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L’académie Internationale d’Histoire de la Pharmacie a été créée en 1952 sur une idée du Pr Georg Edmund Dann, de Kiel, à l’occasion du 70ème anniversaire de George Urdang. Les pays représentés parmi les fondateurs furent les suivants (nombre de membres entre parenthèses) : Allemagne (2), Argentine (1), Autriche (2), Belgique (2), Brésil (1), Danemark (2), Equateur (1), Espagne (2), Etats-Unis (1), Finlande (2), France (2), Grande-Bretagne (2), Israël (1), Italie (1), Japon (1), Norvège (1), Pays Bas (2), Pérou (2), Suède (2), Suisse (2) et Yougoslavie (2). Le bureau fut constitué de George Urdang, président, Georg Edmund Dann et Eugène-Humbert Guitard, vice-présidents, Pieter Hendrik Brans, secrétaire général, et Dirk Arnold Wittop Koning, trésorier. La première séance publique solennelle eut lieu en 1953, à Paris, pendant le congrès de la FIP (Fédération internationale pharmaceutique), le 17 septembre, dans la fameuse Salle des Actes de la Faculté de Pharmacie. 
 Document de George Urdang lu lors de la séance inaugurale de l’Académie en 1953 à Paris

 

Mes chers Amis et Confrères,

Je manque de mots pour vous exprimer combien je regrette que mon état de santé m’oblige à vous transmettre ces quelques paroles de salutation et de felicitation par écrit, au lieu de vous les adresser de vive voix. Je crois que les sentiments de Moïse étaient semblables, lorsqu’il obtint de voir la terre promise sans avoir la possibilité d’y entrer.
 
Il est vrai, je ne peux pas vous rencontrer, mes amis et confrères. Mais je sens en ce moment votre présence spirituelle et j’espère que vous sentez la mienne. L’idée d’une « académie » moderne, d’une association des représentants élus d’un secteur culturel spécial dans le but d’éclaircir et de perfectionner des connaissances dans ce domaine et de leur utilisation dans un sens théorique autant que pratique, a, dans le monde pharmaceutique, toujours donné lieu à des tentatives de réalisation. C’était dans la maison de l’apothicaire florentin Francesco Grazzini, nommé il Lasca, et suivant son initiative que fut fondée en 1584 la célèbre «Accademia délia Crusca ». Ce sont des réunions scientifiques tenues dans la maison de l’apothicaire parisien Mathieu Fr. Geoffroy, qui furent le début de 1′ Académie Royale des Sciences », fondée en 1666 à Paris. L’une des associations enfin, dont la transformation conduisit en 1662 à la fondation de la « Royal Society » en Angleterre, eut son origine dans les réunions qui avaient lieu chez l’apothicaire Cross, d’Oxford. Il n’est donc pas étonnant que dans les listes des académies scientifiques, dont le nombre augmente continuellement depuis le XVIIe siècle, se trouvent toujours des noms de pharmaciens.

Des « Académies », qui furent consacrées exclusivement aux problèmes scientifiques et professionnels de la pharmacie, sont d’origine plus jeune sinon récente : ce sont, en Espagne, la « Real Academia de Farmacia », au Brésil l’ « Academia Nacional de Farmacia » (fondée en 1937) et en France l’« Académie de Pharmacie » (fondée en 1946). Ces académies sont, d’après l’idée qui conduisit à leur création et d’après leur activité, de caractère national. « L’ Académie Internationale d’Histoire de la Pharmacie » s’est jointe à celles-ci comme une représentation internationale, ou mieux : supranationale des aspects historiques de la pharmacie, comme une espèce de chambre haute de l’histoire de la pharmacie. Ainsi les représentants qui jouissent tous d’une grande renommée ont pu trouver, dans les domaines d’activité et de critique dans le secteur de l’histoire de la pharmacie, un foyer et un champ d’action supranationaux. C’est notre honoré confrère allemand, M. Georg, Edmund Dann, qui engagea la discussion sur l’idée d’une telle académie et qui formula les principes d’une réalisation pratique. Des confrères hollandais, MM. P. H. Brans et D. A. Wittop Koning, lui prêtèrent l’aide indispensable. Mon soixante-dixième anniversaire, le 13 juin 1952, donna finalement l’occasion recherchée pour sa fondation définitive.

Je n’avais qu’à accepter ce don. Le mérite en revient à MM. Dann, Brans et Wittop Koning. Il est partagé par tous ceux qui –  deux dans chaque pays, où se trouvent des confrères actifs dans le domaine de l’histoire de la pharmacie – ont accepté si volontiers de devenir membres de l’académie. 

Permettez-moi de rappeler qu’il existe déjà un modèle pour notre jeune académie dans le secteur des sciences naturelles générales. L’initiative de l’excellent historien des sciences, M. Aldo Mieli, a conduit en Italie, en 1929, à la fondation de 1′ « Académie Internationale d’Histoire des Sciences», qui a prospéré avec une rapidité étonnante en réputation et en importance et a organisé une série de congrès internationaux, avant que la deuxième guerre mondiale ne mît provisoirement fin à son activité. Renouvelée en 1946, l’Académie des Sciences Naturelles s’est créée en 1947, une institution complémentaire internationale et non individuelle, permettant d’élargir son activité par la fondation de l’Union Mondiale d’Histoire des Sciences, qui embrasse actuellement vingt associations nationales des sciences naturelles. L’ Académie, ainsi que 1′ « Union » jouissent de l’aide de l’U.N.E.S.CO. et de la reconnaissance du monde civilisé.

 

Membres de l’Académie Internationale d’Histoire de la Pharmacie, chers Amis et Confrères : avec cette fondation que nous avons réalisée, nous avons pris une route qui peut conduire dans notre secteur – limité certes mais touchant simultanément à tant d’autres domaines culturels, à des succès semblables à ceux obtenus par Mieli et ses collaborateurs dans le domaine illimité des sciences naturelles générales. La condition essentielle pour ce succès est de reconnaître que nous n’avons rien à craindre les uns des autres, mais que nous avons tout à espérer dans le cas d’une collaboration active. Dans la carrière de 1′ « Académie Internationale d’Histoire des Sciences », jamais les jalousies, soit nationale, soit personnelle, n’ont su jouer un rôle. Les individualités nationales se sont révélées être des agents stimulateurs, les intérêts personnels des agents activant le travail commun. Dans cet instant mémorable, je vous supplie, mes Amis et Camarades de combat, de tenir constamment compte de la grandeur de votre devoir : de servir, au moyen de la recherche et de la description, dans le domaine de l’histoire de la pharmacie pour le plus grand bien de la fraternité et de la coopération mondiales.

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