Les débuts… |
par Henri Bonnemain 1/7 |
Bien avant 1913, date de la fondation de notre société, l’histoire de la pharmacie avait fait l’objet de nombreux travaux : Mme Valette, au Congrès international d’Innsbruck en juin 1977, a retracé excellemment l’abondante littérature consacrée tout au long du XIXème siècle à l’histoire de notre profession. Mais, à vrai dire, ces recherches, malgré leur valeur incontestable, relevaient d’un souci plus technique qu’historique, et de plus les chercheurs, travaillant en ordre dispersé, ne s’inquiétaient nullement de faire école, d’élargir à d’autres leurs connaissances, ils n’avaient pour ainsi dire pas de contact entre eux, ni avec leurs collègues étrangers. C’est tout cela qu’avaient ressenti, vers 1912, trois personnages férus du passé de la profession, qui d’un commun accord estimaient qu’il fallait mettre au point une véritable politique historique capable d’intéresser toute la profession à son passé prestigieux, tant par les hommes que par leurs œuvres. D’où leur idée de créer un organisme agréé officiellement et dans les règles administratives, avec des statuts appropriés répondant à des objectifs bien définis. Ces trois personnages, c’était Eugène-Humbert Guitard, jeune archiviste paléographe, licencié ès lettres, Charles Buchet, directeur de la Pharmacie Centrale de France, et le Dr Paul Dorveaux, bibliothécaire en chef de l’Ecole Supérieure de Pharmacie de Paris. En 1912, au mois de novembre, tous trois se réunirent dans le cabinet du Dr Dorveaux, à l’Ecole de Pharmacie, et Guitard a raconté la scène avec humour : « Trois conspirateurs s’y trouvaient assis très simplement sur des chaises. Tout de suite une entente parfaite : on se partagea les portefeuilles : Charles Buchet prit les finances, le Dr Dorveaux l’instruction publique, et je proposai moi-même de diriger les travaux publics, c’est à dire que j’allais, comme étant le plus jeune, faire le ménage et les courses. » De fait, Buchet et Dorveaux avaient respectivement 64 et 61 ans, Guitard en avait 28. |
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