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Laboratoires Villette

Laboratoires Villette

 

Deux émigrés russes, Charles Weisbrem et Abraham Ampérine, créaient en 1920 le Laboratoire de la Biothérapie domicilié 3 rue Maublanc, puis à partir de 1933, 131 rue du Commerce. L’année suivante, l’entreprise déménage dans un immeuble industriel, 5 rue Paul Barruel. Elle emploie presque exclusivement des émigrés russes. L’entreprise n’a jamais quitté le XV° arrondissement.

Le laboratoire commence par fabriquer en collaboration avec l’Institut Pasteur des médicaments d’origine microbiologique : les pommades Arepal et Spirogyl, les comprimés de Bilivaccin. En 1922, ayant rencontré un dentiste russe « blanc », atteint de la syphilis, traité au mercure et développant une stomatite mercurielle , Abraham Ampérine, eut l’idée d’un dentifrice, le Sanogyl, à base de savon, d’un arsenical pentavalant et de fluorures. Il est vanté comme préventif et curatif des affections de la bouche, c’est le premier dentifrice en tube souple vendu en pharmacie, il va connaître un grand succès.

En 1954, la fille de Charles Weisbrem, Alexandra Benenson, à la mort de son père devient l’actionnaire majoritaire. En 1965, la raison sociale devient Laboratoire H.Villette du nom du pharmacien responsable, la société est dirigée par le Directeur Général François Guillemain.

Le Bilivaccin était un vaccin anti-typho-paratyphique , à base de germes tués, fabriqué sous forme de comprimés. Seuls les salariés du laboratoire étaient convaincus de son intérêt thérapeutique. Il est rapidement tombé dans les oubliettes de l’histoire. Ce qu’il y avait de remarquable dans le processus de fabrication de ce vaccin, c’était une antédiluvienne centrifugeuse servant à recueillir le culot bactérien destiné à être mis en forme pharmaceutiquement acceptable. Cette centrifugeuse était un monstre en fonte, qui devait peser au moins une tonne, mue quand même par un moteur électrique, qu’il fallait lancer à la main et qui chauffait beaucoup. Cet engin aurait mérité de figurer dans un musée !

En 1968, l’usine n’a jamais arrêté sa production. Les matières premières, poudre de savon, phosphate tricalcique, arrivaient par camions. L’électricité n’a jamais été coupée, les machines tournaient, ébranlant tout l’immeuble et même les immeubles mitoyens… En 1971, le Sanogyl blanc au Fluor est mis sur le marché. Le laboratoire continue alors à fabriquer des spécialités d’origine bactériologique : les ampoules Duplovac Berna (1968), les comprimés Leuco 4 (1960), la pommade Spirogyl. Du temps de Mme Benenson, il régnait dans l’entreprise une excellente atmosphère. L’expression « chaleur humaine » avait là tout son sens. Les patrons respectaient les traditions de la religion orthodoxe et au moment des Pâques orthodoxes, un repas de fête réunissait l’ensemble du personnel et au dessert était servi un gâteau délicieux , appelé « paska » en russe.

Alexandra Benenson décéda sans héritier en 1979. L’entreprise employait à cette date 80 personnes, et le chiffre d’affaires régressait depuis plusieurs années. En 1985, le laboratoire fut absorbé par Expanscience, et la production transférée à Epernon.

Le Sanogyl sera désormais vendue en Grande Surface. La marque est rachetée en 1989 par Unilever puis en 2006 par le groupe Bolton Slitere.

Conditionnement du Sanogyl avec une encartonneuse Lévy
Auteur : André Frogerais à partir du témoignage de Claude Hirsch, Pharmacien, ancien collaborateur des laboratoires Villette, membre de la Société d’Histoire de la Pharmacie 
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