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Histoire des Laboratoires Vernin

Laboratoires VERNIN

Les Laboratoires Vernin furent créé en 1909 par Louis Vernin, reçu pharmacien en 1897. Ce dernier exerça d’abord sa profession à Paris, 48 bis avenue Mozart, pendant 13 ans. Il fut l’un des premiers à créer la Cooper aux côtés de Salmon. A la demande de ce dernier, il installe en 1909 son entreprise à Melun, en Seine et Marne. La grande crue de la Seine en 1910, qui inonda la nouvelle usine, rendit les débuts très pénibles, mais doué d’une santé robuste et d’un tempérament ardent, travailleur infatigable, le jeune industriel, soutenu par l’amitié de Salmon et réconforté par son optimisme, surmonta tous les obstacles. Il s’agissait d’une entreprise qui s’occupait principalement de transformation de drogues d’origine végétale, traitées par solvant tels que l’eau, l’alcool et l’éther. C’est ainsi que l’entreprise développe des extraits secs d’écorce de quinquina, des extraits et pilules de belladone et d’opium, des médicaments à base d’ergot de seigle (ergotine, solution, dragées) et de noix de cola (extrait, fluide ou délicieux granulés sucrés). Le contrôle est initialement assuré par M. Ebren, ex-pharmacien major, décoré de la légion d’honneur, puis Louis Vernin s’adjoignit successivement la collaboration de Etienne et Louis Vernin, ses fils, et Gérard Levin, son gendre.

Un peu d’histoire (Extrait de Plantes et Médecines, octobre/novembre 1984)

« La Loyauté fait ma force »

On peut distinguer trois étapes dans l’histoire des Laboratoires Vernin (jusqu’en 1984). Nés à une époque où les pharmaciens d’officine exécutaient un grand nombre de prescriptions magistrales, le premier souci de Louis Vernin fut de mettre à leur disposition l’ensemble des produits de base indispensables : teintures, extraits mous, fluides, secs, extraits pour sirops, etc., et qu’il leur était pratiquement impossible de fabriquer dans leur officine. Comme, d’autre part, faute de temps ou de matériel, les pharmaciens ne pouvaient en assurer le contrôle chimique ou physiologique, Louis Vernin estima que les Laboratoires qu’il dirigeait devaient en garantir la conformité au Codex. Mais son ambition était plus haute : il entendait également faire bénéficier ses confrères des méthodes mises au point dans les Facultés, même avant leur consécration officielle, ainsi que, après sa création, de celles utilisées par le Laboratoire National de Contrôle ; et si besoin était, en créer de nouvelles.

Toutefois, cette recherche d’une qualité sans cesse croissante, à laquelle contribuaient aussi un choix toujours plus sévère des matières premières, le perfectionnement régulier de l’outillage, l’esprit de solidarité que Louis Vernin insufflait à tous ses collaborateurs (il n’y avait pas de petites tâches pour lui, chacun participait au « projet » de l’entreprise), il fallait la rentabiliser en en répartissant le coût sur de nouvelles activités. D’où, après la guerre 14-18, l’orientation des Laboratoires Vernin vers le « façonnage », la fabrication de produits très divers pour le compte d’autres laboratoires avec, naturellement, les mêmes garanties qui avaient fait le succès des préparations portant la griffe Vernin. 1925 : Louis Vernin fils, pharmacien, rejoint son père aux Laboratoires. Il assure l’expansion de nouvelles spécialités et la création de nombreuse filiales à l’étranger. En 1937, les Laboratoires Galéniques Vernin reçoivent la Médaille de l’exposition internationale de Bruxelles. Et, après la dernière guerre, Louis Vernin fils développe la fabrication à façon dans des proportions considérables. C’est ainsi que de 1919 à 1931, les matières premières reçues à Melun sont passées de 229 à 878 tonnes et les produits terminés qui y étaient fabriqués de 130 à 537 tonnes. Une multiplication par 4 !

En 1975, l’entreprise rachète MAYOLY SPINDLER, entreprise familiale créée en 1928 avec une gamme en gastro entérologie, et en rhumatologie, et la société NIGY. En 1982, Jean-Gilles VERNIN succède à son père Jean-Marie à la tête des Laboratoires Mayoly-Spindler. En 1986, deux nouveaux sites de production sont construits par l’entreprise : un à Dammarie les Lys pour Vernin (LGV), l’autre à Chatou pour Mayoly. En 1993, c’est le rachat par le groupe pharmaceutique Vernin de Rosa Phytopharma.

En complément, une vue complémentaire sur Vernin, par André Frogerais, 2015

Louis Vernin est reçu pharmacien en 1897 et s’installe à Paris avenue Mozart, il fabrique une spécialité le sirop Roze. En 1906, pour en développer les ventes, il participe au côté d’Albert Salmon à la création de la Cooper de Melun, Il cède son officine en 1909 et fonde à Melun au bord de la Seine, à proximité de la Cooper, un établissement pharmaceutique.
 

A l’origine, l’entreprise est une droguerie destinée à fournir des matières premières aux pharmaciens d’officine, l’établissement comprend un seul bâtiment le long de la rue Dajot. L’usine est inondée en 1910 lors de la crue de la Seine, l’année suivante, Louis Vernin fait construire des bâtiments pour abriter une pillerie et un atelier de broyage de plantes, puis en 1914 un nouveau bâtiment pour la fabrication des alcoolats, extraits, teintures, granulés et dragées. En 1919 une nouvelle chaufferie est installée avec une cheminée de 65 mètres de haut. En 1920, l’entreprise emploie 120 ouvriers, elle est réputée pour ses extraits d’écorce de quinquina, de belladone, d’opium, ses médicaments à base de d’ergot de seigle et de cola. Louis Vernin est rejoint à partir de 1925 par ses fils Etienne et Louis (1900-1967) qui lui succédera en 1938 et son gendre Gérard Levin. Après la Première Guerre mondiale, il développe le façonnage en particulier des formes sèches ; profitant de la proximité de la Cooper, il en devient le principal fournisseur (1).

 
  

Ateliers de fabrication des alcoolats et des teintures

 
 
 
 
 
 
En 1928 Louis Vernin crée le Laboratoire Biologique de Melun afin de commercialiser ses spécialités : Sarcol (une solution de plasma de boeuf), Pepticol, Galac (ferments lactiques), les Sucrettes (comprimés de saccharine), les ovules et suppositoires à la glycérine Cristal.
 
Un bâtiment est construit en 1930, pour la fabrication des comprimés, des dragées et des pilules.
En 1935, l’entreprise s’agrandit de nouveau et construit à l’angle de la rue Dajot et du quai du Maréchal Joffre de nouveaux bâtiments qui abritent à la fois l’administration, la production et l’emballage. L’entreprise obtient en 1937, la médaille d’or à l’Exposition Internationale de Bruxelles. En juillet 1953 la Cooper prend une participation minoritaire dans le capital, l’entreprise emploie 250 personnes. Elle fabrique des extraits aqueux, hydro alcooliques, fluides, secs, des teintures, des sirops, des comprimés, des dragées, des suppositoires et des ovules (2). La centrale électrique est composée de trois alternateurs ; un de 200 CV et deux de 130 CV, les chaudières consomment 4 à 5 tonnes de charbon par jour et produisent 3.000 kilos de vapeur. Le 7 novembre 1963 à 9h40, une violente explosion pulvérise l’atelier de compression, l’usine est partiellement détruite. Un malaxeur en Z qui mélangeait 100 kilos de chlorate de potasse et de suc de réglisse (glycyrrhizine) explose, les trois opérateurs sont tués, les corps sont déchiquetés. Il y a une vingtaine de blessés dont trois graves. L’explosion est ressentie dans tout Melun, les vitres et les vitrines aux alentours sont soufflées. L’émotion est à son comble, toute la ville de Melun participe aux funérailles des victimes. Le mélangeur qui pèse plus de 2 tonnes est projeté en l’air, la cuve retombe dans un atelier adjacent, l’axe du moteur est retrouvé de l’autre côté de la Seine. Les murs de l’atelier ont disparu, il ne reste que l’armature métallique du toit sous forme d’un entrelac de ferrailles. C’est l’incompréhension, la spécialité CHLORO-MINT sous traitée pour le compte de la Cooper était pourtant fabriquée depuis quarante ans sans accident. L’enquête ne réussira pas à déterminer les responsabilités, le mélangeur est désintégré, le personnel est décédé. A cette époque le matériel de mélange n’est pas antidéflagrant et les problèmes d’explosion des poudres sont sous-estimés.
 
 
L’atelier de compression après l’explosion, à droite Louis Vernin

 

 

 

La Cooper cesse la production des CHLORO-MINT et des tablettes de chlorate de potasse qu’elle fabriquait dans son usine de Ponthiérry. En 1989, l’entreprise déménage dans une usine moderne de 8 000 m2 à Dammarie Les Lys. L’usine de la rue Dajot est désaffectée et détruite en 1997. Le laboratoire est absorbé en 1992 par les laboratoires Mayoli Splinder, il se consacre désormais à la production des formes sèches et en particulier des capsules molles.

 

Références :
1- L.G.Toraude, Louis Vernin, Bulletin des sciences pharmacologiques, 1938, 127 2- www.shp-asso.org/index.php?PAGE=vernin

 

 

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