Histoire du LaboratoireROBERT ET CARRIERE |
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C’est en 1902 que Joseph Robert, pharmacien à Paris, s’associe à Paul Carrière, un industriel qui possédait à Bourg-La-Reine une usine de fabrication de cires et de bougies. Cette alliance, destinée à donner à Joseph Robert la dimension industrielle nécessaire à la production d’autoclaves pour la stérilisation de pansements par vapeur saturée sous pression, fait du jeune laboratoire un des premiers promoteurs en France des techniques de stérilisation et de conservation sous vide. Joseph Robert a, en effet, très tôt orienté son métier de pharmacien vers des produits à vocation hospitalière. La pharmacie qu’il a fondée à Paris, à la fin du XIXème siècle, est spécialisée dans la préparation des pansements antiseptiques. L’unité de Bourg-La-Reine, mettant à la disposition du jeune laboratoire des ateliers de fabrication industrielle équipés d’autoclaves qui peuvent atteindre chacun 600 boîtes par jour en soumettant les produits pendant vingt minutes à l’action de la vapeur saturée à 150 degrés, devient donc le « laboratoire général de stérilisation par les procédés ROBERT & CARRIERE ». Gammes de produits pour la pratique chirurgicale, tels les produits anesthésiques, les accessoires pour salles d’opération, les matériels pour l’hémostase et le drainage, production de catguts stérilisés, de catguts assouplis, de néo-catguts – ou catguts sous protecteur – dans le domaine des ligatures, sérums, pansements, compresses et bandages pour la période post-opératoire, le catalogue proposé par les Laboratoires ROBERT & CARRIERE comprend, dès 1903, près de 250 références. En 1905, une suspension mercurielle injectable anti-syphilitique, Iodo-Bismuth Ercé, est lancée en ampoule seringue. Elle sera vendue dans le monde entier. Toujours dans le domaine de l’asepsie, le masque de Siffre, mis la même année sur le marché, va connaître un succès notoire auprès du corps chirurgical. Ces succès remarquables témoignent de l’intérêt croissant des chirurgiens et des cliniciens, à l’origine de nombreuses collaborations avec Joseph Robert, pour les nouveaux procédés de stérilisation des laboratoires et des liens étroits développés avec la Faculté et le monde hospitalier. L’expansion internationale se dessine très rapidement, notamment en Argentine et aux Etats-Unis. Dès août 1914, devant les exigences de la mobilisation générale, les services de Santé demandent aux laboratoires ROBERT & CARRIERE, fournisseur officiel aux armées, de livrer aux hôpitaux militaires des stocks considérables de produits et de pansements chirurgicaux. La Grande Guerre en effet, avec ses millions de soldats mobilisés et ses innombrables mutilés et blessés, impose de fait aux laboratoires pharmaceutiques des quantités de livraison, inconnues jusque là, et des efforts de créativité destinés à soulager les terribles souffrances endurées par les soldats. Dès 1915, les trousses de soins individuelles ROBERT & CARRIERE font partie de l’équipement du fantassin. Cette petite « pharmacie du soldat » portative finira par comprendre, au fil de ces années interminables, des ampoules d’iode, de minuscules « obus d’oxygène » pour la réanimation, de l’ouate camphrée, des comprimés pour la désinfection de l’eau…
La paix revenue, les problèmes de succession, en raison de la disparition en 1918 de Paul Robert, le fils unique de Joseph, imposent de profonds remaniements dans les structures juridiques et la répartition de l’actionnariat. L’association ROBERT & CARRIERE devient, en 1921, une Société Anonyme et, en 1925, le neveu du fondateur, André Tabart, prend en mains les rênes de l’entreprise. Les travaux d’Albert Frouin, chimiste à l’Institut Pasteur, encouragés par Joseph Robert, sur l’exploitation des propriétés de l’étain dans le traitement des affections à staphylocoques aboutissent au développement du Stannoxyl, qui sera commercialisé de 1917 à la fin des années cinquante, dans le traitement de la furonculose. Il en sera de même avec le Géodyl, issu de l’utilisation de sels de terres rares, pour combattre la tuberculose. Aux lendemains de la Grande Guerre, les laboratoires ROBERT & CARRIERE commencent à allier au métier d’industriel fournisseur des hôpitaux, qui est le sien depuis le début du siècle, celui de pharmacien fabricant de spécialités. En 1937, la centralisation des services administratifs est décidée à Paris, Avenue de Villars, qui restera le siège de l’entreprise jusqu’en 1970, et l’usine de Petit-Nassandres à Serquigny, dans l’Eure, nouvellement dédiée à la fabrication des spécialités et aux ligatures chirurgicales, est implantée. A la veille de la Seconde Guerre Mondiale et malgré l’inadaptation du cadre juridique et les réalités de la crise économique, les Laboratoires ROBERT & CARRIERE ont réussi leur diversification. Des efforts commerciaux importants ont illustré son nom en Europe, aux Etats-Unis, en Amérique latine, auprès de la Croix-Rouge, du monde hospitalier. Le catalogue propose à égalité des spécialités pharmaceutiques et des produits destinés à la chirurgie.
Au sortir des épreuves de l’Occupation – qui ont profondément désorganisé les approvisionnements et forcé l’industrie pharmaceutique à tourner au ralenti – l’heure est à la croissance. André Tabart, toujours aux commandes et qui le restera jusqu’à sa mort, survenue à la veille de la fusion avec DAUSSE, renoue avec la politique d’implantations internationales et conduit une stratégie soutenue en matière d’investissements. En 1946, c’est la création d’une Société d’Exploitation des Laboratoires ROBERT & CARRIERE, en partie pour échapper au cadre contraignant des ordonnances nationales de 1945. En 1949, les lancements successifs de l’Hépacholine, nouvelle forme de chlorure de choline, contre l’insuffisance hépatique, les troubles fonctionnels de l’appareil digestif et la cirrhose du foie, et du Décontractyl, décontractant percutané, vont rencontrer une notoriété considérable et durable. En 1958, est lancé le Nuclévit B12, reconstituant polyvalent, suivi du Pernazène, décongestionnant nasal. 1960 voit le lancement du Quinercyl, contre les rhumatismes inflammatoires, et 1963 celui du Solnicol (Hémisuccinate sodique de chloramphécinol hydrosoluble), antibiotique à spectre large utilisé principalement en milieu hospitalier. Ces lancements inaugurent la série des grandes productions qui hissent le laboratoire, coté en 1960 à la Bourse, au rang des premiers laboratoires français. L’année suivante, en 1964, le Trinuride, anti-épileptique, et l’Ercéfuryl, anti-infectieux intestinal, breveté en France et aux Etats-Unis et qui va rencontrer un large succès commercial, sont mis sur le marché. Dans le même temps, fidèle à ses origines, les produits hospitaliers et chirurgicaux sont renouvelés. Les premiers appareils pour anesthésie en circuit fermé sont lancés en 1945. En 1947, c’est l’apparition des ligatures de nylon, en 1959, celles des prothèses artérielles en crylor, en 1961, les fils de dacron et, en 1966, la généralisation des tubes plastiques pour les ligatures présentées en aiguillées stériles. En anesthésie, au cours des années cinquante, l’Ercylène, le Vinéther et le chlorure de succicurarium sont successivement lancés. La Naphthionine, hémostatique, renforce en 1954 la gamme des produits utilisés en chirurgie. Tous ces développements techniques et commerciaux obligent ROBERT & CARRIERE à restructurer son dispositif industriel. L’abandon de Bourg-La-Reine est décidé à la fin des années cinquante et dix hectares sont achetés pour doubler les capacités de Serquigny. Mais ces succès sont surtout portés par de constants efforts de recherche : de nouvelles molécules, comme les nucléotides de pentoze pour le Nuclévit B12 ou les dérivés de la glyoxalidine pour le Pernazène, issues des services de recherche ont pris, dès la fin des années cinquante, le relais des produits apportés au laboratoire ou reformulés. En 1964 a lieu l’inauguration du Centre de Recherche de Bagneux, comprenant une centaine de chercheurs qui travaillent dans les services de synthèse pharmaceutique, de pharmacologie et de microbiologie. Doté de moyens importants – les frais de recherche s’élèveront à près de 10% du chiffre d’affaires des spécialités à la veille de la fusion avec DAUSSE – et jouissant d’une réelle autonomie, il sera à l’origine du développement dans les années soixante de l’Ercéfuryl, du Vadilex, anti-ischémique, et de l’Ercevit, phlébotonique. C’est donc dans un contexte de forte croissance et de développement du catalogue des spécialités – ces dernières représentant une part de plus en plus significative du chiffre d’affaires de la société – que, le 23 octobre 1970, la fusion avec Les laboratoires DAUSSE est réalisée. L’alliance, au début du siècle, de Joseph Robert et de Paul Carrière, destinée à mettre en œuvre les procédés industriels pour la fabrication de matériels chirurgicaux a fait place à un laboratoire performant, conscient du rôle prépondérant de la recherche pharmaceutique. SYNTHELABO, Société Anonyme avec Conseil de Surveillance et Directoire, avec un chiffre d’affaires consolidé de 215 millions de francs, trouve ainsi, à son démarrage, les structures d’accueil idoines pour ses ambitions futures.
Source : Archives historiques SANOFI-AVENTIS, 2005
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